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"En difficulté", "pas préparé": pourquoi l'annonce par Éric Zemmour de sa candidature n'a pas convaincu

Eric Zemmour le 24 septembre 2021 en Hongrie  - Attila KISBENEDEK / AFP
Eric Zemmour le 24 septembre 2021 en Hongrie - Attila KISBENEDEK / AFP

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"Ma mue est faite". Éric Zemmour a réaffirmé ses ambitions présidentielles ce mardi soir sur le plateau de TF1, quelques heures après l'officialisation de sa candidature à la présidence de la République.

Il s'agissait du deuxième temps fort de la journée pour le désormais candidat: une interview télévisée au journal de 20 heures, la grand-messe du PAF et un rendez-vous habituel pour les prétendants déclarés à la présidence de la République. L'occasion pour Éric Zemmour, selon ses équipes, de s'adresser à une audience plus large et qui ne le connaît pas forcément.

L'exercice du 20 heures, un rendez-vous manqué

L'exercice, qui se devait donc d'être préparé, a été qualifié d'"interview de procureur", par l'ex-polémiste, pourtant habitué des plateaux télévisés. "Devant les autres, il (Gilles Bouleau, NDLR) s'efface, poliment, humblement, parfois de façon larvaire. Avec moi, il s'est révélé un procureur pugnace, de mauvaise foi, me sortant des phrases de mon livre hors de leur contexte", s'est exaspéré Éric Zemmour lors de son retour à son QG de campagne, regrettant de n'avoir pas été interrogé sur son programme.

"Il y a eu maldonne, il y a eu même escroquerie intellectuelle, Gilles Bouleau n'a pas fait son travail, il a voulu faire son malin devant ses confrères", a-t-il poursuivi.

Ghislaine Ottenheimer, rédactrice en chef à Challenges, a pris mardi soir sur BFMTV la défense de son confrère: "si vous n'en avez pas dit un mot avant (sur le programme, NDLR), évidemment qu'on ne va pas vous interroger dessus, on va vous interroger sur les polémiques que vous avez enclenchées, sur qui vous êtes..."

"Il y a un sujet sur le tempérament"

Face à la colère de son invité, TF1 a dû réagir dans la soirée par le biais d'un communiqué dans lequel le groupe audiovisuel a rappelé que "le journaliste a la liberté de ses questions, l'invité de ses réponses". De son côté Éric Zemmour, visiblement très remonté, a traité le présentateur de "connard" à sa sortie du plateau, a appris BFMTV de plusieurs témoins de la scène.

"Il y a un sujet sur le tempérament", analyse Benjamin Duhamel, journaliste politique à BFMTV, "Ce soir, malgré ce qu'il dit, malgré la phrase 'ma mue est faite', vraisemblablement ça n'est pas tout à fait le cas."

"A-t-il les épaules?" s'interroge Amandine Atalaya, éditorialiste politique à BFMTV, "je pense que, y compris du côté de certains de ses soutiens, la question se pose". C'est d'ailleurs le cas d'Olivier Ubéda, consultant en stratégie politique et directeur national des événements d’Éric Zemmour, qui reconnaît un exercice "mitigé" et "difficile", jugeant les questions "un peu frustrantes". Robert Ménard, maire divers droite de Béziers et proche du polémiste mais aussi du Rassemblement national, confie sur notre antenne avoir vu un homme "tendu, mal à l'aise, sur la défensive", le trouvant "un peu en difficulté".

"À la fois j'ai trouvé la vidéo touchante [...] et en même temps c'est une vision apocalyptique qui n'est pas sans poser problème", considère dans le même temps l'édile. 876450610001_6284554338001

Une vidéo très regardée et truffée d'images volées

La fin d'un faux suspense de plusieurs mois s'est en effet traduite par la diffusion mardi midi d'une vidéo d'une dizaine de minutes diffusée sur les réseaux sociaux. Problème: beaucoup ont reproché l'amateurisme de cette déclaration de candidature qui pose des problèmes de droits d'auteur. Plusieurs personnalités, groupes de médias et même une société de distribution de films ont d'ores et déjà annoncé assigner en justice le polémiste après l'utilisation non autorisée de nombreuses images.

"Le clip a été passé au crible de notre équipe juridique", s'est défendu mardi soir sur BFMTV Olivier Ubéda, directeur national des événements du candidat, "95% des images sont les nôtres ou dans le domaine public [...] tout cela est en cours de traitement, la plupart des images sont parfaitement utilisables."

Si la plateforme YouTube, qui héberge la vidéo aux plus de 1,6 million de vues mardi soir, ne l'a pas encore retirée, l'initiative pourrait coûter très cher à l'équipe de campagne du candidat. Ce dernier n'a toutefois pas semblé s'en préoccuper sur le plateau du 20 heures de TF1.

"Les querelles de juristes doivent intéresser les juristes. Moi, je ne m'occupe pas de cela", a expliqué Éric Zemmour face à Gilles Bouleau.

"Il n'a pas pris la mesure de l'épreuve"

Après une vidéo décriée à plus d'un titre suivie d'un rendez-vous télévisé manqué, Bruno Jeudy se montre le plus sévère vis-à-vis du nouveau candidat.

"Il n'est pas préparé, il n'a pas pris la mesure de l'épreuve dans laquelle il se lançait", a estimé l'éditorialiste politique à BFMTV et rédacteur en chef à Paris Match.

Difficile en effet de trouver des voix saluant la prestation d'Éric Zemmour qui peine à sortir de son trou d'air à en croire les derniers sondages. Selon une nouvelle enquête réalisée par Harris Interactive pour Challenges, le candidat est désormais crédité de 13% d'intentions de vote et se place en troisième voire quatrième position au premier tour. Une enquête menée avant l'annonce officielle de sa candidature.

Article original publié sur BFMTV.com