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Dieselgate: Le président du directoire d'Audi arrêté

Rupert Stadler, le président du directoire d'Audi, filiale haut de gamme de Volkswagen, a été arrêté lundi et est devenu à ce jour le plus haut dirigeant du groupe automobile à être inquiété par la justice dans le cadre de l'enquête sur le scandale du dieselgate. /Photo prise le 9 mai 2018/REUTERS/Michael Dalder

par Edward Taylor

FRANCFORT (Reuters) - Rupert Stadler, le président du directoire d'Audi, filiale haut de gamme de Volkswagen, a été arrêté lundi et est devenu à ce jour le plus haut dirigeant du groupe automobile à être inquiété par la justice dans le cadre de l'enquête sur le scandale du dieselgate.

"Dans le cadre d'une enquête sur le dossier diesel et les moteurs Audi, le parquet de Munich a exécuté un mandat d'arrêt contre M. le professeur Rupert Stadler le 18 juin 2018", écrit le parquet dans un communiqué, précisant que Stadler a été arrêté lundi matin à son domicile d'Ingolstadt, en Bavière.

Il a expliqué que l'arrestation du patron d'Audi avait été décidée en raison du risque de le voir faire obstruction à la justice. "Le suspect a été vu par un juge qui a ordonné son placement en détention provisoire", a-t-il précisé.

Le parquet de Munich avait élargi la semaine passée ses investigations sur la marque de luxe de VW en intégrant Rupert Stadler à la liste des suspects accusés de fraude et de faux certificats.

"Nous devons trouver une solution pour la direction d'Audi durant son absence", a rapporté une source au fait des discussions.

Les conseils de surveillance de VW et d'Audi se sont réunis séparément lundi pour faire le point sur la situation.

Une source a rapporté que le responsable des ventes d'Audi, Bram Schot, un Néerlandais, serait nommé président du directoire par intérim, confirmant une information du journal Süddeutsche Zeitung.

VW a démenti une telle nomination à ce stade.

Cette arrestation intervient alors que le nouveau président du directoire de VW, Herbert Diess, cherche à mettre en place une nouvelle organisation, dans laquelle Rupert Sadler a sa place, afin d'accélérer le passage du groupe aux véhicules électriques.

"Cette arrestation est un autre mauvais point dans le feuilleton du dieselgate de VW", commentent les analystes d'Evercore ISI, qui ont critiqué le constructeur automobile pour sa lenteur à se réformer. "Près de trois ans après le début du scandale du diesel, il faut que ce soit la police qui prenne des mesures contre le patron d'Audi."

VW a reconnu en septembre 2015 avoir faussé les tests d'émissions polluantes de ses véhicules diesel aux Etats-Unis, déclenchant la plus grande crise de l'histoire de l'entreprise et entraînant une remise en question de la réglementation dans tout le secteur automobile.

Les Etats-Unis ont déposé en mai une plainte au pénal contre l'ancien président du directoire de VW, Martin Winterkorn, mais il est peu probable que ce dernier se retrouve devant la justice américaine car l'Allemagne n'extrade pas ses ressortissants vers des pays extérieurs à l'Union européenne.

Le parquet de Munich a déclaré que l'arrestation de Rupert Stadler n'avait pas été faite à la demande des autorités américaines.

Audi et VW ont confirmé l'arrestation de Rupert Stadler et ont redit qu'il bénéficiait de la présomption d'innocence.

SOUS LE FEU DES CRITIQUES

Audi a admis en novembre 2015, deux mois après sa maison mère, avoir également faussé les tests des émissions polluantes de ses moteurs diesel aux Etats-Unis et Rupert Stadler, qui dirige la marque depuis 2007, a été critiqué pour sa gestion du scandale.

Le parquet de Munich enquête pour savoir si Rupert Stadler a agi suffisamment rapidement pour arrêter les livraisons de véhicules équipés de logiciels illégaux en Europe, une fois la supercherie découverte, a rapporté une source à Reuters.

Le président du directoire d'Audi était un fidèle de l'ancien président du conseil de surveillance de Volkswagen Ferdinand Piëch, lui-même évincé en 2015.

Son arrestation va alimenter les tensions au sein du conseil de surveillance de VW, menaçant la trêve fragile entre la direction, les représentants syndicaux et les administrateurs.

VW a provisionné quelque 26 milliards d'euros pour couvrir les conséquences du dieselgate.

Si le scandale a éclaté aux Etats-Unis, où neuf personnes ont été inculpées et deux anciens dirigeants de Volkswagen condamnés à des peines d'emprisonnement, les enquêtes se poursuivent ailleurs. La semaine dernière, le parquet de Brunswick a infligé une amende d'un milliard de dollars à VW en lien avec le scandale.

L'action VW a clôturé en baisse de 3,08% vers 12h30 GMT à la Bourse de Francfort, en queue de peloton de l'indice Dax (-1,36%) et deuxième plus forte baisse de l'indice paneuropéen EuroStoxx 50 (-0,82%).

(Avec Maria Sheahan; Claude Chendjou et Catherine Mallebay-Vacqueur pour le service français, édité par Véronique Tison)