Didier Migaud, ministre de la Justice du gouvernement de Michel Barnier, l’intrus venu de la gauche
POLITIQUE - Il en fallait un. Michel Barnier n’avait-il pas promis un gouvernement le plus « large » possible ? Il n’y aura finalement qu’une seule prise à gauche (mais placé tout en haut de l’ordre protocolaire), s’il est possible de qualifier ainsi Didier Migaud, nommé ministre de la Justice ce samedi 21 septembre.
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Cet ancien député socialiste, jadis proche de Ségolène Royal et de Dominique Strauss-Kahn, avait quitté le parti à la rose en 2010. Passé par la Cour des comptes dont il fut le premier président, il présidait depuis 2020 la Haute autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP).
Le nouveau Garde des sceaux, qui remplace Éric Dupond-Moretti au pied levé, présenté par Matignon comme un « divers-gauche » est avant tout un expert des questions budgétaires. L’hebdomadaire Marianne le présente comme « le gardien du temple de l’orthodoxie budgétaire ». Il s’est fait de la rigueur une spécialité. Pas anodin, alors que le budget à venir devrait limiter les dépenses, y compris pour son ministère.
Si son arrivée au gouvernement peut étonner, de la part de quelqu’un retiré de la vie politique depuis près de quinze ans, Didier Migaud a tout de même grenouillé toute sa vie dans les arcanes du pouvoir et des services de l’État. À l’Assemblée, où il avait présidé la commission des Finances, il était considéré comme l’un des députés les plus actifs.
Sa nomination place Vendôme fait hurler la droite et l’extrême droite. « Il a voté la suppression du délit de solidarité quand il était député, s’étrangle la députée ciottiste Hanane Mansouri, ralliée au RN. Alors que des millions de Français réclament plus de fermeté migratoire, la macronie et LR font rentrer un soutien de l’immigration illégale au gouvernement ».
Didier Migaud, numéro 2 du gouvernement
Le bâtonnier de Paris a, de son côté, présenté « tous ses vœux de réussite » à Didier Migaud, rappelant que « sa place dans le rang protocolaire est un signe positif, mais les défis du monde de la justice restent nombreux et urgents ». Il a en effet été le premier nom cité par Alexis Kohler, ce qui n’est pas passé inaperçu.
L’union syndicale des magistrats, principal représentant de la profession, a plutôt bien accueilli l’annonce de la nomination du nouveau ministre. « Didier Migaud a une idée du fonctionnement de la justice de par son ancienne fonction à la tête de la Cour des comptes. Sa place dans l’ordre protocolaire est un indice intéressant sur les priorités que le gouvernement entend donner à l’action judiciaire », défend Ludovic Friat, le président de l’USM, auprès du Monde.
Quoi qu’il en soit, Didier Migaud n’est pas un novice en politique. Il a une longue expérience de la vie des partis. Un atout précieux pour celui qui, très vite, sera plongé dans le chaudron de l’Assemblée lors des questions au gouvernement.
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