"Nous devons demander pardon": le pape s'exprime sur les violences sexuelles dans l'Église en Belgique
Le pape face aux attentes des victimes. L'Église catholique "doit avoir honte et demander pardon" pour les violences sexuelles sur mineurs commises par le clergé en Belgique, a affirmé vendredi 27 septembre le pape François à Bruxelles.
"L'Église doit avoir honte et demander pardon, et chercher à résoudre cette situation avec l'humilité chrétienne, et faire tout son possible pour que cela ne se reproduise pas", a déclaré le pape argentin dans un discours aux autorités du pays au Château de Laeken, la résidence royale.
"J'entends dire: 'mais selon les statistiques, la grande majorité des abus se font dans les familles, les quartiers, ou dans le monde du sport ou éducatif...' Un seul cas suffirait pour avoir honte! Dans l'Église, nous devons demander pardon pour cela", a-t-il insisté en improvisant son discours.
"Ceci est notre honte et notre humiliation", a-t-il encore ajouté.
Dans le même temps, le pape a assuré que l'Église s'attaquait "avec détermination et fermeté" au "fléau" des violences sexuelles sur mineurs, "en écoutant et en accompagnant les personnes blessées et en mettant en oeuvre un vaste programme de prévention dans le monde entier".
"D'abominales violences"
Arrivé jeudi soir en Belgique pour une visite de trois jours, le pape de 87 ans fait face à de fortes attentes de victimes de violences sexuelles commises par des membres du clergé. Dans son discours, le Premier ministre Alexander De Croo a eu des mots forts en évoquant "les blessures douloureuses" liées aux "nombreux cas d'abus sexuels et d'adoptions forcées" qui "ont gravement entamé la confiance".
De son côté, le roi Philippe a rendu hommage à "l'intransigeance" du pape qui a "agi concrètement" face à "ces abominables violences", comme en levant le secret pontifical ou en obligeant les religieux et laïcs à signaler tout cas à leur hiérarchie. Le chef de l'Eglise doit recevoir 15 victimes, hommes et femmes, en fin de journée à la nonciature (l'ambassade du Saint-Siège), a indiqué à l'AFP une source proche de l'affaire.
Le dossier a refait surface en Belgique à l'automne 2023 avec la diffusion d'un documentaire choc où témoignaient des victimes livrant un secret enfoui parfois pendant des décennies, beaucoup déplorant une omerta dans l'Église pour protéger les agresseurs et le fait de n'avoir jamais pu obtenir justice.
Une visite très attendue
Dans une lettre ouverte publiée début septembre par le quotidien Le Soir, des victimes ont réclamé une parole forte de François, lui demandant d'instaurer un processus de réparation financière, d'organiser une "réflexion de fond" sur le célibat des prêtres et de "renforcer le travail de libération de la parole, qui n'en est en réalité qu'à ses balbutiements".
Tous souhaitent que ce séjour belge du pape "reste marqué dans l’histoire comme ce moment décisif où le premier des catholiques s’adresse à toutes les victimes de tous les pays du monde".
Le pape sur le front des violences sexuelles dans l'Église
De l'Irlande à l'Allemagne en passant par les États-Unis, la multiplication des scandales sexuels dans l'Église a constitué l'un des plus douloureux défis pour le pape François, qui a demandé pardon aux victimes et créé une commission consultative pour la protection des mineurs au Vatican.
Parmi les mesures prises depuis 2019 figurent la levée du secret pontifical sur les violences sexuelles du clergé, l'obligation pour les religieux et laïcs de signaler tout cas à leur hiérarchie, ou la mise en place de plateformes d'écoute dans les diocèses du monde entier. Mais le secret de la confession demeure absolu.
Devant le pape, le roi des Belges Philippe a évoqué toute les victimes de l'"irréparable", "marquées à vie" par les crimes d'ecclésiastiques. "Il a fallu tellement de temps pour que leurs cris soient entendus et reconnus", a fait valoir le souverain.
Arrivé jeudi soir à Bruxelles après une étape de huit heures au Luxembourg, le pape François doit passer trois jours en Belgique, avec comme point d'orgue de la visite une messe dimanche au stade Roi-Baudouin où sont attendus plus de 35.000 fidèles.