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Devant le Congrès, Macron appelle Trump à préserver le multilatéralisme

Emmanuel Macron a appelé mercredi, dans un discours solennel devant le Congrès américain, les Etats-Unis à préserver le multilatéralisme à l'heure où Donald Trump pourrait prendre des décisions unilatérales sur l'Iran et le commerce au grand dam de ses partenaires internationaux. /Photo prise le 25 avril 2018/REUTERS/Aaron P. Bernstein

par Marine Pennetier

WASHINGTON (Reuters) - Emmanuel Macron a appelé mercredi, dans un discours solennel devant le Congrès américain, les Etats-Unis à préserver le multilatéralisme à l'heure où Donald Trump pourrait prendre des décisions unilatérales sur l'Iran et le commerce au grand dam de ses partenaires internationaux.

Au dernier jour de sa visite d'Etat à Washington, le chef de l'Etat français a livré, en anglais, un plaidoyer de quarante-cinq minutes en faveur des "réponses communes" et concertées à apporter aux différents défis sécuritaires, climatiques et commerciaux actuels.

"On peut opter pour l'isolationnisme, le retrait et le nationalisme, cela peut être tentant (...) mais fermer la porte au monde n'empêchera pas le monde d'évoluer", a t-il dit dans un discours régulièrement interrompu par des applaudissements et des ovations.

"Nous sommes à un moment crucial, si nous n'agissons pas de toute urgence, je suis convaincu que les institutions internationales, comme l'Onu et l'Otan, ne seront plus en mesure d'exister et d'exercer leur mandat", a-t-il ajouté, insistant sur le rôle des Etats-Unis.

"Votre rôle a été décisif pour la création et la sauvegarde du monde libre, vous êtes ceux qui doivent maintenant aider à le préserver et à le réinventer", a-t-il ajouté.

Cette allocution devant la session conjointe du Congrès américain - devenue au fil des ans une tradition pour les présidents français de la Ve République à l'exception de François Hollande - survient au lendemain de discussions compliquées avec Donald Trump, notamment sur l'Iran et le commerce.

GUERRE COMMERCIALE PAS "COHÉRENTE"

Malgré les gestes et les déclarations d'amitié qui rythment cette visite d'Etat - la première d'un dirigeant étranger sous l'ère Trump -, les échanges entre les deux présidents dans le bureau Ovale n'ont pas permis d'en savoir plus sur les décisions que s'apprêtent à prendre Donald Trump.

Chantre du "Make America great again", le président américain a fixé deux échéances à ses partenaires européens.

Ces derniers sauront le 1er mai si l'exemption des taxes douanières sur l'acier et l'aluminium dont bénéficie pour l'heure l'UE sera prolongée.

Parallèlement, Donald Trump leur a donné jusqu'au 12 mai pour durcir l'accord sur le programme nucléaire iranien conclu en 2015, faute de quoi il refuserait de prolonger l'assouplissement des sanctions contre Téhéran.

"Une guerre commerciale entre alliés n'est pas cohérente avec notre mission, notre histoire et nos engagements pour la sécurité dans le monde", a souligné Emmanuel Macron. "Nous pouvons apporter la bonne réponse à des inquiétudes légitimes (...) en négociant dans le cadre de l'OMC", a-t-il ajouté. "Nous avons rédigé ces règles, nous devons les suivre."

Quant à l'Iran, l'accord sur le programme nucléaire de Téhéran a vocation à faire en sorte que la République islamique ne possède "jamais" l'arme nucléaire.

"Ni maintenant, ni dans cinq ans, ni dans dix ans. Jamais", a-t-il martelé. "Il y a un cadre existant pour contrôler l'activité nucléaire de l'Iran, nous l'avons signé à l'initiative des Etats-Unis, la France comme les Etats-Unis l'ont signé, c'est pour cela que nous ne pouvons pas nous en débarrasser comme ça."

"Cet accord ne répond peut-être pas à toutes les préoccupations (...) mais nous ne devons pas l'abandonner sans avoir une alternative" substantielle, a-t-il ajouté.

Près d'un an après la décision de Donald Trump de sortir les Etats-Unis de l'accord de Paris sur le climat, Emmanuel Macron s'est également dit convaincu que les Etats-Unis finiraient par rejoindre ce cadre âprement négocié.

"Je suis certain que nous pouvons travailler ensemble afin d'atteindre avec vous les ambitions" fixées par cet accord, a-t-il déclaré.

(Edité par Yves Clarisse)