Devant la dépouille d'Hugo Chavez: "Mon commandant est immortel"

Face au cercueil où repose la dépouille du président vénézuélien Hugo Chavez, à l'Académie militaire de Caracas, Saul Mantano marque une pause, se signe, puis effectue un salut militaire. Coiffé d'une casquette à l'effigie de Chavez, les épaules recouvertes du drapeau vénézuélien, il se décompose à la vue du visage du défunt président vénézuélien, qu'on peut voir à travers une vitre recouvrant une partie du cercueil. Puis s'éloignant à pas lents, ce vendeur ambulant et petit dirigeant communautaire de 49 ans, dit, au bord des larmes: "Il est ici, mais mon commandant est immortel. Je ne voulais pas le voir mort, et pourtant c'est la réalité". Comme des centaines de milliers de sympathisants du charismatique dirigeant de gauche sud-américain, Saul Mantano a accompagné mercredi l'interminable cortège funèbre qui a escorté la dépouille d'Hugo Chavez à travers les avenues de la capitale, de l'hôpital militaire jusqu'à l'Académie militaire de Caracas. Les Vénézuéliens pourront s'y recueillir jusqu'à vendredi, jour des funérailles nationales de l'ancien président, décédé mardi d'un cancer à l'âge de 58 ans. Carmen Duran, 54 ans, accompagnée de toute sa famille, a également suivi à pied le cortège pour pouvoir voir le visage de son leader. "C'est une grande douleur de le voir ainsi dans un cercueil, mais tant que je serai vivante, il restera dans mon coeur. Nous pleurons et continuerons de pleurer son absence", déclare cette dirigeante communautaire d'un quartier de Caracas. Face au cercueil, c'est un défilé incessant. La plupart s'arrêtent à peine. Certains font un bref signe de croix, ou effleurent le cercueil. Nombreux saluts militaires. Un haut-parleur invite les visiteurs à ne prendre aucune photographie. L'Académie militaire a été choisie pour cet hommage parce que Chavez la considérait comme son second foyer. Comme le berceau d'une vocation politique, qui, en 1992, l'avait poussé à organiser un coup d'Etat manqué, et fut couronnée six ans plus tard par son élection à la présidence du pays. A l'extérieur, des milliers de partisans du leader bolivarien piétinent en attendant leur tour, épuisés par la faim, la soif, la journée entière passée à suivre le cortège par une chaleur étouffante. "Nous voulons voir Chavez!", crient certains. A son arrivée à l'Académie militaire, le cercueil a été porté dans une salle pour une cérémonie privée. Puis il a été porté à l'épaule par des militaires jusqu'au salon d'honneur du Libérateur Simon Bolivar. Une ovation a salué la garde d'honneur formée des quatre enfants du défunt président, de sa petite fille, de ses frères et de sa mère en sanglots, Elena Frias. La présidente argentine, Cristina Kirchner, le président uruguayen, José Mujica et le président bolivien Evo Morales, se sont ensuite recueillis devant le cercueil, avant d'écouter, le visage solennel, l'hymne du Venezuela. Le président par intérim Nicolas Maduro, dauphin désigné par Chavez, le président de l'Assemblée nationale, Diosdado Cabello, autre figure du régime, et le haut commandement militaire, ont observé une minute de silence. Silence seulement rompu par le cri de ralliement : "Chavez vit, la lutte continue !"