Publicité

Le Hezbollah attaque un convoi israélien, deux soldats tués

Soldats israéliens transportant un blessé. Deux soldats israéliens ont été tués dans l'attaque d'un convoi de Tsahal mercredi matin à proximité de la frontière libanaise, dans le secteur contesté des fermes de Chebaa. Sept soldats israéliens ont également été blessés. /Photo prise le 28 janvier 2015/REUTERS/JINIPIX

par Jeffrey Heller et Sylvia Westall JERUSALEM/BEYROUTH (Reuters) - Deux soldats israéliens ont été tués et sept blessés mercredi matin dans une attaque du Hezbollah contre un convoi de Tsahal à proximité de la frontière libanaise, dans le secteur contesté des fermes de Chebaa. C'est l'attaque la plus grave menée par le mouvement chiite libanais contre les soldats israéliens depuis la guerre de 34 jours qui les a opposés durant l'été 2006. Un casque bleu espagnol de la Finul, la force des Nations unies dans le sud du Liban, a par ailleurs été tué dans le village frontalier de Ghajar alors que les Israéliens ripostaient à l'attaque du Hezbollah par des tirs d'artillerie et des frappes aériennes. La Finul a ouvert une enquête sur les circonstances exactes de ce décès. Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a promis que cette attaque ne resterait pas impunie. "Ceux qui sont à l'origine de l'attaque d'aujourd'hui devront en payer le prix", a-t-il dit avant d'entamer des consultations avec les responsables des services de sécurité en préalable à d'éventuelles représailles de plus grande ampleur. L'artillerie israélienne a d'ores et déjà tiré une vingtaine d'obus sur le sud du Liban, près du village de Ouazzani, a-t-on appris auprès des forces de sécurité libanaises. Les tirs de missiles contre le convoi israélien ont été revendiqués par une "brigade des martyrs de Kouneïtra". Le 18 janvier, un raid aérien israélien en Syrie, dans la province de Kouneïtra proche du plateau du Golan, a tué notamment un général des gardiens de la révolution iraniens, Mohammed Allahdadi, et le fils d'Imad Moughniyeh, ancien chef des opérations militaires du Hezbollah libanais mort dans l'explosion d'une voiture piégée à Damas en 2008. A la suite de ce raid, le Hezbollah et les gardiens de la révolution avaient promis de se venger. Le communiqué revendiquant l'attaque de mercredi porte le titre de "déclaration n°1", laissant entendre que d'autres opérations sont à venir. MISES EN GARDE ISRAÉLIENNES "Quiconque cherche à nous défier à la frontière nord doit avoir à l'esprit l'offensive de l'an dernier à Gaza", a averti Benjamin Netanyahu, faisant référence à l'opération "Bordure protectrice" lancée l'été dernier par Tsahal contre l'enclave palestinienne. Plus de 2.000 Palestiniens, en majorité des civils, ont été tués. "L'Etat d'Israël est prêt à agir avec force sur tous les fronts, la sécurité passe avant tout", a poursuivi Benjamin Netanyahu qui se trouvait à Sderot, ville israélienne proche de la bande de Gaza. Les services du Premier ministre ont accusé l'Iran d'être responsable de cette "attaque terroriste". Dans une lettre au Conseil de sécurité de l'Onu, l'ambassadeur d'Israël aux Nations unies, Ron Prosor, souligne que son pays prendra toutes les mesures nécessaires pour se défendre. "Israël ne restera pas sans rien faire quand le Hezbollah s'en prend à des Israéliens", prévient-il. "Israël ne tolérera pas d'attaques sur son territoire, usera de son droit de légitime défense et prendra toutes les mesures nécessaires pour protéger sa population." Washington a condamné "l'acte de violence" du Hezbollah contre Israël mais a prôné la retenue. "Nous appelons toutes les parties à s'abstenir de tout acte de nature à aggraver la situation", a déclaré Jen Psaki, porte-parole du département d'Etat. JOIE DANS LES FAUBOURGS SUD DE BEYROUTH L'annonce de la mort de deux soldats a été retardée de plusieurs heures afin de prévenir leurs proches. Sept soldats ont été blessés mais le pronostic vital n'est engagé pour aucun d'eux, d'après des sources médicales. Des tirs de mortier ont ensuite visé une position de l'armée israélienne sur le mont Hermon, dans le secteur du plateau du Golan occupé par Israël depuis 1967. Il n'y a eu aucun blessé. Dans les faubourgs sud de Beyrouth, fief du mouvement chiite, des tirs de joie ont salué l'attaque. Certains habitants ont aussi fait leurs bagages et se tiennent prêts à fuir en cas de bombardements israéliens, comme en 2006. A Gaza, les groupes palestiniens se sont également réjouis de l'attaque lancée par le Hezbollah. En tout début de matinée, l'armée israélienne avait annoncé que son aviation avait bombardé deux positions de l'armée syrienne en riposte à des tirs de roquettes la veille contre le plateau du Golan. Les postes militaires syriens visés se trouvent dans la province de Kouneïtra, qui jouxte le Liban, la Jordanie et Israël, a rapporté l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH). "Nous ne tolérerons aucun tir en direction du territoire israélien, aucune violation de notre souveraineté et nous y répondrons avec force et détermination", a prévenu le ministre israélien de la Défense, Moshe Yaalon, dans un communiqué. (Avec Maayan Lubell et Ori Lewis à Jérusalem, Laila Bassam et Oliver Holmes à Beyrouth, Suleiman al Khalidi à Amman; Henri-Pierre André, Guy Kerivel, Jean-Philippe Lefief et Eric Faye pour le service français)