Deux policiers blessés pendant une manifestation à Ferguson

Deux policiers ont été blessés par balle tôt jeudi matin à Ferguson, dans le Missouri, lors d'une manifestation devant le commissariat de police de cette ville des Etats-Unis théâtre d'émeutes en août après la mort d'un adolescent noir tué par un policier blanc. /Photo prise le 11 mars 2015/REUTERS/Kate Munsch

FERGUSON, Missouri (Reuters) - Deux policiers ont été blessés par balle tôt jeudi matin à Ferguson, dans le Missouri, lors d'une manifestation devant le commissariat de police de cette ville des Etats-Unis théâtre d'émeutes en août après la mort d'un adolescent noir tué par un policier blanc, a annoncé la police de St Louis. L'un d'eux a été touché au visage et l'autre à l'épaule. Ils sont conscients et ont été transportés à l'hôpital pour y être soignés, a déclaré à la presse Jon Belmar, le chef de la police de St Louis, la grande ville voisine de Ferguson. "Ces policiers étaient devant le commissariat, sans rien faire de spécial, et on leur a tiré dessus pour la seule raison qu'ils sont policiers", a-t-il dit. Les deux hommes, âgés respectivement de 32 et 41 ans, sont membres de la police de Webster Groves pour l'un et de St Louis pour l'autre, et non de celle de Ferguson, cible de la manifestation. Les manifestants, qui commençaient à se disperser quand les coups de feu ont éclaté - au moins trois, selon Jon Belmar -, ont fui les lieux en entendant les détonations, peu après minuit, a constaté une photographe de Reuters présente sur place. "Je ne sais pas qui a tiré mais d'une manière ou d'une autre, ils (les tireurs) s'étaient glissés dans le groupe (de manifestants)", a déclaré le chef de la police de St Louis. Les protestataires ont au contraire assuré que les tirs ne provenaient pas de leurs rangs. UNE "PROVOCATION"? "Le tireur n'était pas avec les manifestants. Il était au sommet d'une colline", a affirmé DeRay McKesson, un militant des droits civiques. "J'étais là. J'ai vu le policier tomber. Le coup de feu a éclaté à au moins 500 pieds (150 mètres) des policiers", a-t-il ajouté sur son compte Twitter, évoquant par la suite des "provocateurs prêts à tout pour parvenir à leurs fins". Ce rassemblement avait lieu quelques heures après l'annonce de la démission du chef de la police de Ferguson, Thomas Jackson, à la suite d'un rapport du ministère de la Justice dénonçant des abus récurrents commis par les forces de police et des institutions judiciaires de la ville contre les Afro-Américains. Sa démission ne sera cependant effective que jeudi prochain, le 19 mars. Depuis la publication, la semaine dernière, du contenu de l'enquête diligentée par le ministère, plusieurs démissions ont été enregistrées dans cette localité à majorité noire située dans la grande banlieue de St Louis. Les habitants réclamaient le départ du chef de la police, en poste depuis 2010, depuis l'incident intervenu en août lorsque Darren Wilson, un policier blanc, avait tué à l'aide de son arme de service Michael Brown, un adolescent noir de 18 ans désarmé, lors d'un contrôle de routine. Darren Wilson a démissionné peu après les faits mais il n'a pas été poursuivi en justice, un grand jury ayant décidé de ne pas donner suite à cette affaire. Le ministre de la Justice Eric Holder, qui avait déposé sans davantage de succès une plainte pour violations des droits civiques de Michael Brown, a indiqué la semaine dernière qu'il entendait utiliser tous les pouvoirs à sa disposition pour réformer les services de la police de Ferguson. Les officiers de ce département se sont livrés à un harcèlement régulier des administrés noirs de la ville pendant des années, selon le rapport ministériel. (Kate Munsch; Bertrand Boucey, Pierre Sérisier et Tangi Salaün pour le service français)