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Entrée interdite en Israël pour des Palestiniens

par Luke Baker et Jad Sleiman JERUSALEM (Reuters) - L'armée israélienne a annulé jeudi 83.000 autorisations d'entrée en Israël accordées à l'occasion du ramadan et annoncé l'envoi de renforts en Cisjordanie au lendemain de la mort de quatre Israéliens tués par des Palestiniens à Tel Aviv. Les meurtres, menés par deux cousins d'un vingtaine d'années, ont eu lieu dans un restaurant en vogue situé près du ministère israélien de la Défense. Ils n'ont pas été revendiqués mais plusieurs groupes palestiniens, dont le Hamas, qui dirige la bande de Gaza, ont approuvé ce geste. Les attaquants, en costume-cravate pour se faire passer pour des clients du restaurant, venaient de Yatta, un village proche d'Hébron, en Cisjordanie. Deux femmes et deux hommes sont morts. Il y a eu également six blessés. Ces dernières semaines, les attaques d'Israéliens par des Palestiniens, à l'arme blanche, par arme à feu ou à la voiture-bélier étaient devenues plus rares après avoir été quasi-quotidiennes. Celle de mercredi soir est la plus meurtrière depuis huit mois. Les auteurs des tirs, entrés apparemment sans autorisation en Israël selon des spécialistes de la sécurité, ont été rapidement appréhendés. L'un des deux souffre de blessures par balles. "Il est clair qu'ils ont passé du temps en préparation, entraînement et choix de leur cible. Ils ont eu des soutiens, mais nous ne savons pas qui sont leurs soutiens", a déclaré à la presse Barak Ben-Zur, ancien chef d'études au Shin Bet, le service israélien du renseignement intérieur. Les armes automatiques utilisées sont semble-t-il des armes de contrebande, a-t-il ajouté. Après une série de consultations supervisées par le Premier ministre Benjamin Netanyahu, l'armée israélienne a annoncé qu'elle annulait 83.000 autorisations délivrées à des Palestiniens de Cisjordanie pour qu'ils puissent rendre visite à leurs proches durant le jeûne du ramadan. Le chef de l'exécutif israélien s'est rendu dès son retour d'une visite de 48 heures à Moscou sur les lieux de la fusillade, qu'il a qualifiée de "meurtre de sang-froid" et il a promis des représailles. "Nous retrouverons tous ceux qui ont coopéré à cette attaque et nous agirons avec fermeté et intelligence pour combattre le terrorisme", a-t-il dit. PÉTARDS ET DRAPEAUX L'armée israélienne a annoncé le déploiement de deux bataillons en Cisjordanie dans la journée pour renforcer les troupes stationnées dans ce territoire occupé. Un bataillon israélien comprend environ 300 militaires. Ce genre de mesures, qui s'accompagnent d'un accès restreint au site de l'esplanade des Mosquées, troisième lieu saint de l'islam sunnite, mais également révéré dans le judaïsme parce qu'étant le site de deux anciens temples bibliques, ont par le passé été source de tensions avec les Palestiniens. A Washington, le département d'Etat américain a appelé Israël à faire en sorte d'éviter de sanctionner des Palestiniens innocents. "Nous comprenons la volonté du gouvernement israélien de protéger ses ressortissants (...) et nous soutenons fermement ce droit, mais nous espérons que toutes les mesures qu'il prendra seront conçues pour prendre également en compte l'impact qu'elles auront sur la vie quotidienne des Palestiniens", a déclaré Mark Toner, porte-parole du département d'Etat, lors d'un point de presse. Après l'attaque de mercredi soir, des pétards ont été tirés de divers endroits de Cisjordanie. Dans certains camps de réfugiés, on a chanté et agité des drapeaux, ont raconté des habitants. Un porte-parole du Hamas, Houssam Badran, a estimé qu'il s'agissait de "la première prophétie du ramadan". L'attaque qui a eu lieu en face du ministère israélien de la Défense, "démontre l'échec de toutes les mesures prises par l'occupant" pour mettre fin au soulèvement, a-t-il dit. Le Front populaire de libération de la Palestine (FPLP) a décrit les meurtres de mercredi soir comme "une réponse naturelle aux exécutions menées par l'occupation sioniste". Il a également qualifié cette action de défi lancé à Avigdor Lieberman, le nouveau ministre de la Défense israélien qui va devoir décider de la riposte à ces violences. Le FPLP est le deuxième groupe par ordre d'importance au sein de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP) derrière le Fatah, le mouvement du président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas. Ce dernier a publié un communiqué dans lequel il dit "rejeter toutes les opérations visant des civils, quel que soit son auteur et quelles que soient leurs justifications". Depuis octobre dernier, 32 Israéliens et deux Américains en visite en Israël ont été tués dans des attaques palestiniennes. Les forces israéliennes, dans le même temps, ont abattu 196 Palestiniens, dont 134 présentés par Israël comme des assaillants. Les autres ont été tués dans des heurts et lors de manifestations. (Avec Dan Williams et Nidal al Moughrabi; Danielle Rouquié, Nicolas Delame et Jean-Stéphane Brosse pour le service français)