Deux Oscars pour "The Father": pour Florian Zeller, "une joie extrême et une surprise"

Olivia Colman et Anthony Hopkins dans The Father, de Florian Zeller. -  Trademark Films
Olivia Colman et Anthony Hopkins dans The Father, de Florian Zeller. - Trademark Films

C'est un homme heureux, venu partager sa "joie extrême", sa "gratitude" et sa "surprise" après sa victoire ce dimanche soir lors de la 93e cérémonie des Oscars. Lauréat de l'Oscar du meilleur scénario adapté pour son premier film The Father, Florian Zeller réagit en exclusivité sur BFMTV - et a d'emblée une pensée pour Anthony Hopkins, Oscar du meilleur acteur pour son rôle de vieil homme sombrant dans la démence.

"C'est une réaction de joie extrême et de surprise. Cette joie est d'autant plus grande et d'autant plus forte qu'on a commencé la soirée avec l'Oscar du meilleur scénario et qu'on l'a fini avec l'Oscar du meilleur acteur. Pour moi, ça avait un sens particulier de partager cela avec Anthony Hopkins, parce qu'il est à l'origine de ce projet. Je ne dissocie pas du tout le désir de vouloir faire ce film du désir de vouloir le faire avec lui. Pouvoir partager avec lui cette joie, c'est un immense cadeau."

Retenu en Ecosse, Anthony Hopkins était absent de la cérémonie. Il est devenu à 83 ans l'acteur le plus âgé à recevoir cette récompense, près de trois décennies après son Oscar du meilleur acteur pour sa performance glaçante de tueur en série dans Le Silence des agneaux. Florian Zeller a pu lui parler après la cérémonie: "Il vient juste de se réveiller. J'ai senti son immense émotion. Même en vous racontant ça, je suis traversé par cette émotion. C'est très particulier."

"On est au milieu d'un labyrinthe"

Pour ce film, un huis clos qui flirte parfois avec le thriller, Florian Zeller s'est inspiré de sa grand-mère, dont il était très proche et qui a commencé à souffrir de démence lorsqu'il avait 15 ans. On y suit Anthony, vieillard dont la fille et l'entourage deviennent méconnaissables, tandis que son appartement semble lui-même se transformer.

"J'ai essayé de placer les spectateurs dans une position unique, celle du personnage", explique Florian Zeller sur notre antenne. "Je ne voulais pas que ce soit simplement une histoire, mais une expérience. L'expérience de ce que ça pourrait vouloir dire de perdre tous ses repères, y compris en tant que spectateur. On est au milieu d'un labyrinthe."https://www.youtube.com/embed/sVF0zvRGfSU?rel=0

"Ce n'était pas un problème de jouer une personne âgée, parce que je suis âgé", a confié Anthony Hopkins au journal The Times. Mais le rôle, qui lui a également valu le Bafta du meilleur acteur, l'a marqué. "Cela m'a rendu plus conscient de la mortalité et de la fragilité de la vie, et depuis je juge moins les gens. Nous sommes tous fragiles, nous sommes tous abîmés."

Le film lui a rappelé les derniers jours de son père. "Je savais ce qu'il ressentait à la fin. La peur. L'indicible morosité, tristesse et solitude. Nous faisons tous semblant de ne pas être seuls, mais nous sommes tous seuls. Le succès, c'est bien, c'est un moyen de survivre, mais à la fin, nous sommes tous désespérément, désespérément seuls", a-t-il dit au Times. The Father doit sortir à la réouverture des salles en France.

Déjà un nouveau film sur le feu

L'auteur français le plus joué dans le monde n'a même pas eu besoin d'attendre de recevoir la précieuse statuette dorée pour boucler son prochain film, là encore tiré d'une de ses pièces, Le Fils, qui appartient à la même trilogie que Le Père. Le tournage de The Son devrait débuter cet été à New York, avec des stars de rêve: Hugh Jackman et l'actrice oscarisée Laura Dern, a révélé le réalisateur.

"The Son est une histoire qui a beaucoup d'importance pour moi. J'y travaille depuis de longs mois et je suis très heureux d'avoir pu réunir les acteurs que j'admire et que j'aime pour pouvoir la raconter", dit Florian Zeller.

The Son raconte "l'histoire d'un père et d'une mère qui ne vivent plus ensemble. Ils ont un jeune garçon de 17 ans qui traverse une période difficile, qui a des difficultés scolaires, une dépression, et ces parents tentent de sauver leur fils dans cette période si mystérieuse qu'est l'adolescence", détaille l'auteur.

Avec son succès aux Oscars, les studios hollywoodiens devraient se bousculer pour lui confier de futurs projets. Et Florian Zeller n'exclut pas un jour de "travailler sur des oeuvres qui ne sont pas les miennes": "J'ai commencé par écrire des romans et puis j'ai découvert le théâtre et c'est devenu une immense passion qui m'a occupé pendant quinze années (...) Et puis soudain, j'ai fait ce film ! Ce que je veux dire par là, c'est que j'ai appris à ne jamais fermer les portes, à les laisser entrouvertes pour qu'on puisse être surpris par la vie", lance-t-il.

Mais dans l'immédiat son esprit est ailleurs. "En fait aujourd'hui, je suis tellement concentré sur The Son que ces propositions n'ont pas vraiment de pertinence pour moi", assure-t-il. "Une fois que j'aurai fait The Son, on verra mais pour l'instant ce qui m'importe vraiment c'est d'aller au bout de cette histoire que je porte", conclut-il.

Article original publié sur BFMTV.com