Deux exilés pour la France libre
Deux exilés. Après le scandale de son roman Les Grands cimetières sous la lune, Georges Bernanos quitte la France en 1938 pour rejoindre le Brésil, où il devient fermier. Le général de Gaulle, lui, s’envole un 17 juin 1940 pour Londres, d’où il lance son appel pour une France libre, cependant que Pétain annonce sa décision de cesser le combat. Depuis la Croix-des-Âmes, à mi-chemin de Belo Horizonte et de Rio, entre 1938 et 1945, l’écrivain catholique prend part, dans la presse et pour la BBC, à la Résistance. « Ainsi, la liberté se dégage peu à peu de ses définitions juridiques, elle redevient humaine, incarnée, elle redevient la compagne de l'homme. Dieu veuille qu'il réapprenne à la défendre, non comme un privilège gratuit, mais comme la chair de notre chair », écrit-il à propos du combat mené contre le Gouvernement de Vichy dans son journal, le 14 octobre 1941. Et organise des comités de soutien au Général de Gaulle, en Amérique latine.
Comme pour précipiter l’inexorable rencontre de ces deux destins du XIXe, le Général propose à Bernanos de s’installer à Brazzaville en juin 1942, devenue capitale de la France libre après la défaite de ses troupes et de celles de Churchill à la bataille de Dakar en septembre 1940. L’écrivain refuse. Au lendemain de la Libération de Paris, de Gaulle l’invite, cette fois, à regagner la France. L’écrivain ne rentrera que l’été suivant. C’est à cette occasion que les deux hommes, qui ont fréquenté le même lycée sans se connaître, se renco...