L'Onu réclame une pause humanitaire au Yémen

Deux avions transportant une trentaine de tonnes d'aide médicale et humanitaire ont atterri vendredi à Sanaa, la capitale du Yémen, pour la première fois depuis l'aggravation du conflit qui a fait plus de 600 morts et 100.000 déplacés. /Photo prise le 10 avril 2015/REUTERS/Mohamed al-Sayaghi

GENEVE (Reuters) - Deux avions transportant une trentaine de tonnes d'aide médicale ont atterri vendredi au Yémen, où les combats ont fait plus de 600 morts et 100.000 déplacés en seize jours et où l'Onu redoute une catastrophe humanitaire. C'est la première fois depuis que le conflit s'est aggravé le 26 mars avec l'intervention de l'Arabie saoudite et ses alliés contre les miliciens chiites houthis que des avions parviennent à acheminer une aide au pays du sud de la péninsule arabique. Les Nations unies ont lancé un appel à une pause humanitaire afin d'en envoyer davantage, insistant sur la situation de plus en plus précaire de ce pays de 25 millions d'habitants. Un avion du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) a atterri le premier à Sanaa, la capitale, avec 16 tonnes d'aide médicale d'urgence à son bord. Robert Mardini, qui dirige les opérations de l'organisation au Moyen-Orient, a précisé que l'avion transportait des médicaments, du matériel chirurgical et des bandages. Un appareil affrété par l'Unicef, le Fonds des Nations unies pour l'enfance, a lui aussi pu se poser avec une quinzaine de tonnes de chargement. "Notre avion vient d'atterrir à Sanaa en provenance de Djibouti", a dit Christophe Boulierac, porte-parole de l'Unicef. "Les premiers vols ont pu atterrir mais il en faut beaucoup plus", a déclaré le coordinateur humanitaire de l'Onu pour le Yémen Johannes van der Klauwe. "Pour être plus efficaces, nous avons besoin d'espace, de cette pause (humanitaire), que l'espace aérien soit dégagé tous les jours pour que les vols humanitaires puissent avoir lieu." "Rien qu'à Aden", a-t-il poursuivi, "un million de personnes risquent d'être privées d'accès à l'eau potable dans quelques jours si on n'apporte pas davantage de carburant." LES HÔPITAUX DÉBORDÉS Les importations alimentaires ont pratiquement cessé, le carburant commence à manquer, l'aide financière a été suspendue et dans de nombreux quartiers d'Aden, théâtre d'intenses combats de rue, il n'y a déjà plus eau ni électricité. En outre, soulignent les travailleurs humanitaires, les combats ont fait plus de 2.200 blessés depuis le lancement de la campagne aérienne saoudienne et les hôpitaux ne parviennent plus à faire face. Selon Johannes van der Klauwe, "les services de base qui étaient déjà à bout de souffle risquent maintenant l'effondrement" et la "situation est sans précédent dans l'histoire récente du pays". Les combats se poursuivent dans Aden, le grand port du Sud, où les Houthis affrontent des forces fidèles au président Abd-Rabbou Mansour Hadi, réfugié en Arabie saoudite, et des groupes séparatistes. Les Houthis ont également pris le contrôle de la ville d'Atak, dans la province côtière de Chaboua, à l'est d'Aden. Vendredi matin, des avions de la coalition saoudienne ont bombardé des cibles militaires dans Sanaa, rapportent des témoins contactés par Reuters. Les frappes ont visé des entrepôts d'armes tenus par des soldats fidèles à l'ancien président Ali Abdallah Saleh, qui s'est allié aux Houthis. (Stephanie Nebehay, Dominic Evans à Dubai; Henri-Pierre André et Jean-Stéphane Brosse pour le service français)