Deutsche Bank: Troisième perte annuelle d'affilée en 2017

par Tom Sims et Arno Schuetze

FRANCFORT (Reuters) - Deutsche Bank a subi en 2017 sa troisième perte annuelle consécutive, conséquence d'une conjoncture difficile, d'un recul des revenus de la banque d'investissement et de la réforme fiscale américaine.

La perte de 497 millions d'euros dépasse en outre le consensus des analystes de neuf banques et courtiers qui donnait 290 millions d'euros.

La première banque allemande avait dit le mois dernier qu'elle serait déficitaire sur l'ensemble de l'exercice annuel.

L'action perd 6,20% vers 9h20 GMT, plus fort recul de l'indice européen Stoxx 600, qui cède 0,72% au même moment.

"Nous pensons que nous sommes bien engagés dans la production de croissance et de rendements plus élevés avec une gestion rigoureuse constante des coûts et des risques", explique le président du directoire John Cryan dans un communiqué. "Nous avons fait des progrès mais nous ne sommes pas encore satisfaits de nos résultats".

Les investisseurs attendent de Cryan qu'il réduise les coûts mais la banque anticipe 23 milliards d'euros de coûts cette année et non plus 22 milliards.

Deutsche Bank a annoncé en mars dernier une refonte prévoyant d'intégrer la banque de dépôt Postbank à son propre réseau sous enseigne Deutsche Bank, ainsi que la cession partielle de la filiale de gestion d'actifs.

Elle a dit vendredi que l'intégration de Postbank se faisait "dans les temps" et que la filiale de gestion d'actifs serait introduite partiellement en Bourse dès que possible.

Mais la direction avait prévenu que remonter la pente serait pénible et que cela prendrait des années et non pas des trimestres.

Dans la mesure où la performance de la banque reste médiocre, certains investisseurs se demandent s'il faut laisser plus de temps à Cryan, qui occupe ses fonctions depuis moins de trois ans.

Cryan a pour l'instant réussi à stabiliser la banque. Il a augmenté le capital et conçu sa refonte, affronté d'épineux litiges se chiffrant en milliards d'euros et géré les exigences induites par une réglementation devenue plus stricte.

Mais certains actionnaires se montrent impatients. Hendrik Leber, gérant de fonds chez Acatis, dit apprécier Cryan à titre personnel. "Mais je ne vois pas où va Deutsche Bank actuellement", ajoute-t-il cependant.

"Avec UBS, la direction était claire grâce à une grosse restructuration", observe Leber. "Je ne vois pas de stratégie claire chez Deutsche Bank".

Enfin, le fait que la banque ait eu l'intention de verser à nouveau des primes malgré ses pertes est par ailleurs très mal vu. Les rémunérations ont augmenté de 45% au quatrième trimestre, à 1,29 milliards d'euros.

Deutsche Bank a inscrit une charge fiscale de 1,4 milliard d'euros induite par la réforme fiscale américaine qui l'a amenée à être déficitaire sur l'ensemble de l'exercice annuel.

Le produit net bancaire (PNB) a diminué de 19% à 5,7 milliards d'euros au quatrième trimestre, tandis que la perte nette s'est creusée à 2,19 milliards d'euros contre 1,89 milliard un an auparavant.

Les analystes anticipaient un PNB de 6,2 milliards d'euros et une perte de 1,95 milliard d'euros.

Le revenu du pôle obligataire a chuté de 29% en raison d'une moindre présence de la clientèle dans des marchés moins volatils, une tendance qui a également perturbé la concurrence.

(Wilfrid Exbrayat pour le service français, édité par Marc Joanny)