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Deutsche Bank tout juste bénéficiaire au 2e trimestre

par Arno Schuetze et Jonathan Gould

FRANCFORT (Reuters) - Deutsche Bank a prévenu que de nouvelles réductions de coûts pourraient être nécessaires pour assurer son redressement après une forte baisse de son produit net bancaire (PNB) au deuxième trimestre, pénalisé par un contexte de taux très bas et de marchés financiers volatils.

"Si l'environnement actuel de faiblesse de l'économie persiste, nous devrons être plus ambitieux encore dans la rapidité et l'intensité de notre restructuration", a déclaré le président du directoire, John Cryan, mercredi.

"Nous n'éluderons pas les décisions difficiles pour améliorer les résultats à court terme."

L'action Deutsche Bank reculait de près de 4,3% à la Bourse de Francfort vers 11h45, plus forte baisse des 30 valeurs du Dax.

John Cryan a dit que Deutsche Bank progressait sur la voie de sa restructuration, réduisant les risques dans ses portefeuilles et investissant dans l'amélioration de ses infrastructures technologiques. Mais les analystes disent attendre plus d'efforts sur le contrôle des coûts au vu de la réduction des revenus dans plusieurs activités de la banque.

"Nous sommes déçus que Deutsche Bank n'ajuste pas son objectif de coûts (...) dans le contexte de la baisse du PNB", écrivent les analystes de JP Morgan dans une note sur les résultats.

Pour ceux de KBW, la banque ne sera sans doute pas à même de dépasser les objectifs de réduction de coûts qu'elle s'est fixée pour 2018 et aura en conséquence des difficultés à dégager les fonds propres nécessaires dans un environnement de taux d'intérêt négatifs.

"Les inquiétudes demeurent sur la capitalisation et la production interne de capital, sachant que les charges pour frais juridiques étaient minimes", dit KBW.

Les charges pour frais juridiques sont tombées à 120 millions d'euros contre 1,2 milliard un an auparavant, ce qui a compensé la hausse des charges pour restructuration et licenciements.

Les efforts de Deutsche Bank pour se restructurer et améliorer sa rentabilité ont été plombés par des milliards d'euros d'amendes liées à des litiges datant d'avant la crise financière de 2008-2009.

FRAIS JURIDIQUES

Le directeur financier, Marcus Schenck, a dit que la banque espérait tourner la page de ces litiges cette année.

La banque veut notamment trouver un règlement amiable dans l'enquête en cours aux Etats-Unis sur la commercialisation abusive de titres adossés à des prêts hypothécaires avant la crise financière de 2008 et qui fait l'objet de discussions avec le département américain de la Justice.

De manière séparée, elle prévoit de clore le chapitre des manipulations présumées sur le marché des changes pour lesquelles un accord a été trouvé en Europe mais qui font toujours l'objet de négociations avec les régulateurs américains.

Deutsche Bank voudrait aussi en finir avec une enquête des régulateurs européens et américains sur des transactions sur actions litigieuses en Russie et solder celle sur des accusations de blanchiment en partie réglée.

Marcus Schenck a dit que le bénéfice net de 2016 serait en grande partie tributaire du coût des litiges.

Le bénéfice net a chuté à 20 millions d'euros au titre du deuxième trimestre, contre 796 millions un an plus tôt.

Ce résultat est toutefois meilleur qu'attendu puisque les analystes interrogés par Reuters anticipaient en moyenne une perte nette de 105 millions d'euros.

Le ratio de fonds propres durs CET1 s'est amélioré à 10,8% à fin juin et Deutsche Bank l'attend toujours aux alentours de 11% en fin d'année.

Le produit net bancaire a baissé de 20% avec la volatilité des marchés en partie imputable au vote britannique sur la sortie de la Grande-Bretagne de l'Union européenne, le recul atteignant 28% dans la banque d'investissement et 19% dans le trading obligataire.

Marcus Schenck a dit s'attendre à une augmentation du PNB au second semestre du fait d'une base de comparaison favorable par rapport à la période correspondante de 2015 marquée elle aussi par la faiblesse de l'activité.

(Véronique Tison et Marc Joanny pour le service français)