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Deutsche Bank voit son revenu chuter avec un marché "difficile"

par Tom Sims et Arno Schuetze

FRANCFORT (Reuters) - Deutsche Bank a enregistré une baisse de 10% de son produit net bancaire au troisième trimestre, à 6,8 milliards d'euros, sur un marché que le groupe allemand, en pleine restructuration, s'attend à voir rester "difficile" jusqu'à la fin de l'année.

La première banque d'Allemagne a néanmoins publié jeudi un bénéfice net trimestriel largement supérieur aux attentes, à 649 millions d'euros, gonflé par sa politique de réduction des coûts.

Les analystes attendaient un bénéfice net de 281 millions d'euros selon le consensus Reuters, après 278 millions d'euros sur la période correspondante l'an dernier.

"Alors que le contexte est resté difficile, nous avons accompli des progrès importants sur nos principales initiatives", a dit le président du directoire de la banque allemande, John Cryan, cité dans un communiqué.

Le titre perdait 2,24% à 08h53 GMT, l'une des plus fortes baisses de l'indice de la zone euro EuroStoxx 50, alors en repli de 0,17%, et du secteur bancaire européen (-0,49%).

Deutsche Bank est engagée dans une restructuration d'ampleur, annoncée en mars, qui passe notamment par l'intégration complète de sa filiale de banque de détail Postbank ainsi que par la cession partielle de ses activités de gestion d'actifs.

"Nous sommes convaincus que les fruits de nos efforts deviendront pas à pas plus visibles dans les trimestres et les années à venir", a ajouté John Cryan.

La banque a néanmoins prévenu que des conditions de marché difficiles persisteraient au quatrième trimestre.

"Il reste beaucoup, beaucoup de chemin à parcourir pour Deutsche Bank", a commenté Octavio Marenzi, directeur général et fondateur du cabinet Opimas.

PERTE DE PARTS DE MARCHÉ DANS LA BANQUE D'INVESTISSEMENT

Le chiffre d'affaires de l'activité de trading obligataire, vache à lait de la banque, a reculé de 36% sur le trimestre en raison d'une moindre volatilité sur les marchés financiers.

Les grandes banques américaines ont souffert du même phénomène mais de manière moins prononcée avec un recul de leurs revenus de trading obligataire de 22% en moyenne.

Deutsche Bank a vu sa part du marché mondial de la banque d'investissement se contracter à 3,3% contre 3,6% auparavant, notamment en raison de sa décision de simplifier le fonctionnement de son activité. Elle s'efforce désormais de regagner le terrain perdu via des embauches stratégiques et le rétablissement des primes.

L'établissement affirme progresser sur les deux principaux volets de sa réorganisation: la banque de détail et la gestion d'actifs.

En ce qui concerne la première, Deutsche Bank a confirmé son objectif de plus de 900 millions d'euros de synergies d'ici 2020 avec un investissement de 1,9 milliard d'euros.

Alors que les employés redoutent des suppressions de postes et des fermetures d'agences, la direction de Postbank et le syndicat Verdi ont conclu jeudi un accord entraînant une revalorisation salariale de 4,9% en trois temps et prolongeant la garantie de l'emploi jusqu'en 2021 au sein de la filiale.

Dans la gestion d'actifs, Deutsche Bank a lancé ce mois-ci son appel d'offres auprès des banques pour assurer la supervision de la future introduction en Bourse de sa filiale, une opération qui pourrait permettre de lever environ deux milliards d'euros.

La première banque allemande s'est débattue ces dernières années dans de nombreuses procédures judiciaires, allant de son rôle dans la commercialisation d'actifs adossés à des créances hypothécaires aux Etats-Unis avant la crise de 2008 à son implication présumée dans des "transactions miroirs" susceptibles de servir à du blanchiment d'argent.

Dans la première affaire, Deutsche Bank a accepté en janvier de verser 7,2 milliards de dollars aux autorités américaines, alors que le département américain de la Justice avait menacé de réclamer 14 milliards, un montant qui avait effrayé clients et investisseurs.

(Bertrand Boucey pour le service français, édité par Marc Angrand)