Destitution d’Emmanuel Macron : Mathilde Panot accuse Marine Le Pen d’avoir « sauvé » le président

Selon la cheffe de file des députés LFI, l’abstention de la présidente du groupe RN a bloqué l’examen en séance de la proposition de résolution.

POLITIQUE - La procédure de destitution contre Emmanuel Macron ne sera pas examinée dans l’hémicycle. Ce mardi 8 octobre la conférence des présidents de l’Assemblée nationale s’est prononcée contre son inscription à l’ordre du jour, et la position de Marine Le Pen a été décisive pour « sauver » le président de la République, a fustigé la cheffe des députés insoumis Mathilde Panot.

Procédure de destitution de Macron : quand les députés PS ne voulaient pas débattre de celle de Hollande

« Tous les groupes du Nouveau Front Populaire se sont prononcés pour son inscription. Et tous les autres groupes à l’exception de madame Le Pen se sont prononcés contre », a résumé Mathilde Panot lors de la conférence de presse du groupe. Selon la députée LFI, il y avait à ce stade égalité entre les partisans de la poursuite de la procédure et les opposants. « Il se trouve que madame Le Pen, qui pouvait décider si ce débat avait lieu dans l’hémicycle ou pas, s’est courageusement abstenue », a dénoncé Mathilde Panot.

L’inscription à l’ordre du jour de l’Assemblée nationale marquait la troisième étape de la procédure de destitution. Auparavant, le bureau de l’Assemblée nationale chargé d’en examiner la recevabilité avait donné son feu vert grâce à la majorité acquise au NFP dans cette instance. Le texte avait ensuite été examiné en commission des Lois… Et largement rejeté. Ce qui n’empêchait pas sur le papier son examen en séance.

« C’est grâce au groupe du Rassemblement National qu’Emmanuel Macron n’aura pas à subir un débat dans l’hémicycle sur le comportement dangereux et erratique qu’il a en ne respectant pas le résultat des urnes. C’est donc madame Le Pen qui en quelque sorte a sauvé monsieur Macron de la procédure de destitution qui aurait permis à chaque parlementaire de s’exprimer », a-t-elle poursuivi.

Le coup d’arrêt de la procédure de destitution intervient le même jour que le vote de la motion de censure socialiste contre Michel Barnier. Sauf surprise, elle n’a aucune chance d’aboutir : le Rassemblement national, qui joue la carte de la responsabilité, assure qu’il ne censurera le gouvernement que sur la base de ses « lignes rouges » (budgétaires et migratoires notamment). « Nous vous jugerons sur vos actes, jamais, contrairement à d’autres, en partant de postures puériles », avait lancé Marine Le Pen à Michel Barnier lors de la déclaration de politique générale du Premier ministre.

Sans le soutien du groupe d’extrême droite et de son allié ciottiste, la motion de censure n’a aucune chance d’obtenir les 289 voix requises pour faire tomber le gouvernement. Ce qui, après l’abstention de la cheffe de file des députés RN sur la procédure de destitution, a nourri l’argumentation des insoumis sur le RN « assurance vie » du couple exécutif, dixit Mathilde Panot.

« Madame Le Pen est venue au secours du président. Ce jour est révélateur de leur alliance », abonde la vice-présidente LFI de l’Assemblée Clémence Guetté. « En une journée, Marine Le Pen va sauver deux fois Emmanuel Macron : ce matin elle s’abstient sur la destitution du Président de la République, cet après-midi elle ne votera pas la censure du gouvernement Barnier. Le RN est un pilier du système macroniste », écrit aussi le député Rodrigo Arenas sur X.

Dans les faits, même inscrite à l’ordre du jour et débattue dans l’hémicycle, la proposition de résolution aurait difficilement pu aller jusqu’à son terme. Pour poursuivre la navette parlementaire, le texte LFI aurait du obtenir le feu vert de l’Assemblée nationale. Problème : le NFP ne dispose que de 193 sièges, auxquels il aurait fallu retirer la soixantaine de voix socialistes, le parti ayant annoncé son intention de voter contre en séance. In fine, la proposition de destitution aurait eu bien du mal à dépasser les 150 votes pour, très loin de la majorité indispensable pour aller plus loin.

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