Destitution d’Emmanuel Macron : LFI justifie sa proposition malgré l’absence de soutien du reste du NFP

POLITIQUE - S’il fallait s’assurer que la rentrée politique est bel et bien lancée, le texte publié le 18 août dans La Tribune dimanche par les dirigeants de La France insoumise en apporte une preuve éclatante. Fini la trêve (olympique autant qu’estivale). Jean-Luc Mélenchon et quelques-uns de ses fidèles, dont Manuel Bompard et Mathilde Panot, annoncent dans cette tribune qu’ils déposeront sur le bureau de l’Assemblée nationale une demande de destitution du président de la République si celui-ci ne nomme pas Lucie Castets à Matignon.

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L’hebdomadaire titre sur « le chantage » ou « la menace » de la destitution, mais pour les huiles insoumises, il s’agit surtout de faire respecter le résultat des urnes, comme vous pouvez le voir dans notre vidéo en tête d’article. « Le président a mis la démocratie sous cloche. Utiliser une procédure de destitution, je ne vois pas en quoi c’est une tentative de “bordélisation”… », a ainsi plaidé le député LFI Aurélien Saintoul sur RMC. Avant de poursuivre : « Nous sommes des parlementaires et des républicains conséquents, nous considérons qu’il y a une limite ».

L’élu des Hauts-de-Seine rappelle à ce propos qu’en 2016, des députés LR avaient lancé une procédure de destitution de François Hollande après que ce dernier avait largement échangé avec des journalistes, dans le cadre de ce qui était devenu l’ouvrage Un président ne devrait pas dire ça. Une procédure qui à l’époque n’avait pas abouti, faute de majorité. Or cette fois non plus, la manœuvre ne devrait pas aller à son terme, les autres composantes du Nouveau Front populaire n’y adhérant pas, à l’image des écologistes et des socialistes.

« Dérive autoritaire »

Reste que pour une autre insoumise, Alma Dufour, interrogée sur LCI, « faire des pétitions pour qu’Emmanuel Macron nomme gentiment Lucie Castets » ne suffisait plus, six semaines après le second tour des législatives anticipées. « Il faut montrer que c’est grave ce qu’il se passe, estime la députée de Seine-Maritime. Que cette procédure de destitution aille ou pas à son terme, il fallait marquer que le Président est dans une dérive autoritaire. »

« Tous les moyens permis par la Constitution sont bons », corrobore Aurélien Taché, député LFI du Val-d’Oise, sur BFMTV. Il n’y a « pas de surprise » à voir les Insoumis dégainer cette arme constitutionnelle selon lui, puisque cela ne fait que « rappeler au chef de l’État ses obligations ». Le PS et une partie des écologistes ont beau s’être prononcés contre cette idée, Olivier Faure considérant par exemple que « la réponse à une nomination d’un Premier ministre qui ne serait pas conforme à la tradition républicaine est la censure » et non pas la destitution, Aurélien Taché explique « avoir du mal à comprendre pourquoi (les) partenaires à gauche ne pourraient pas se retrouver dans cette procédure ».

D’autant que la députée LFI de Seine-Saint-Denis Aurélie Trouvé refuse de parler de « coup de force » dans la mesure où si cet article 68 venait à s’appliquer, il requerrait une majorité aux deux tiers de l’Assemblée nationale et du Sénat réunis en Haute-Cour. « Cela nous semble de notre rôle, de notre devoir même, d’engager cette procédure ou en tout cas d’envoyer cet avertissement », a exposé l’ancienne porte-parole d’Attac sur TF1.

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