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Le destin tragique du premier transgenre de l’histoire de France

Les comédiens Nicolas Martel (à gauche) et Yuming Hey (à droite) servent admirablement un texte sombre qui illustre ce que le sociologue Éric Fassin décrit dans ses travaux sur le genre : « Toute vérité a une histoire. »
Les comédiens Nicolas Martel (à gauche) et Yuming Hey (à droite) servent admirablement un texte sombre qui illustre ce que le sociologue Éric Fassin décrit dans ses travaux sur le genre : « Toute vérité a une histoire. »

Son nom est aujourd’hui oublié, mais son histoire a inspiré de nombreux écrivains. À commencer par Hervé Guibert et Michel Foucault. La figure d’Herculine Barbin, premier transgenre de l’histoire de France, sort aujourd’hui de l’ombre grâce à la metteuse en scène Catherine Marnas, qui porte sur les planches une adaptation de ses écrits intimes. La directrice du Théâtre national de Bordeaux en Aquitaine (TNBA) confie avoir eu envie de consacrer un spectacle au destin tragique d’Herculine après avoir pris conscience des tourments des étudiants et étudiantes « intersexes » [naissant avec des attributs génitaux et/ou chromosomiques et/ou hormonaux appartenant aux deux sexes, NDLR] de son école de théâtre. « Je n’avais pas réalisé l’ampleur du sujet avant de voir de plus en plus de jeunes confier leurs troubles à notre jury. Je me suis demandé ce que cela racontait de notre monde », confie la dramaturge.

La vie d’Herculine Barbin a tout du drame. Elle voit le jour le 8 novembre 1838 à Saint-Jean-d’Angély, près de La Rochelle, en Charente-Maritime, et est enregistrée comme « fille » à l’état civil. Mais, à la puberté, son développement sexuel ne correspond pas à celui d’une jeune femme. Ses seins ne poussent pas. « À cet âge, où se développent toutes les grâces de la femme, je n’avais ni cette allure pleine d’abandon ni cette rondeur de membres qui révèlent la jeunesse dans toute sa fleur. […] Mes traits avaient une certaine dureté qu’on ne pouvait s’empêcher de [...] Lire la suite