Le destin brisé de Socayna tuée par un dealeur
Elle s'appelait Socayna. Ou Sokayna avec un « k », l'orthographe qu'elle préférait. En arabe, ce prénom désigne une « personne déterminée ». C'était une jeune femme qui rêvait d'une vie meilleure, qui désirait devenir un jour juge pour enfants ou faire carrière dans le commerce. Au soir du 10 septembre, devant son ordinateur, elle travaillait ses cours avec sérieux avant qu'une balle de kalachnikov ne la tue. Le projectile a traversé le mur sous la fenêtre de sa chambre aux volets rouillés pour transpercer sa joue et se loger dans sa tête.
Le tireur, on ne connaît pas son nom. C'est un homme. Un voyou. Et désormais un assassin. A-t-il des rêves ? Oui, peut-être celui de contrôler un jour le trafic de drogue d'un quartier de Marseille ou, mieux encore, celui de la ville entière. Sur un scooter, au pied des immeubles de la cité Saint-Thys, il a tiré en rafale, 23 balles en tout, comme dans un film de Brian De Palma, parce qu'il voulait envoyer un message à la concurrence qui a coutume de dealer devant la pharmacie située au square Notre-Dame-d'Afrique, près de chez Socayna. Après son forfait, il a disparu, le canon fumant.
La seule chambre de l'appartement. Ce soir-là, Leïla, la mère de Socayna, était dans le salon. Elle a entendu ce qu'elle croyait d'abord être des pétards, des « ta ! ta ! ta ! ta ! ta ! ta ! » qui se rapprochaient, puis elle eut la certitude que, non, il s'agissait plutôt d'une arme à feu. Cette femme vit avec ses deux filles dans cette HLM [...] Lire la suite