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Une partie du PS veut atténuer le plan d'économies de Valls

PARIS (Reuters) - Les députés socialistes qui ont tenté mardi de convaincre Manuel Valls d'adoucir son plan d'économies de 50 milliards d'euros par des gestes en faveur des petites retraites et des bénéficiaires de prestations sociales ont dit avoir été "entendus". Le projet présenté la semaine dernière par le Premier ministre a provoqué une fronde d'une partie des députés PS, conduisant certains d'entre eux à élaborer les scénarios alternatifs pour obtenir la majorité lors du vote. Onze élus, emmenés par le président du groupe socialiste à l'Assemblée, Bruno Le Roux, ont été reçus mardi par Manuel Valls qui s'est montré, aux dires des participants, "très ouvert à la discussion" même si rien n'a été promis dans l'immédiat. "Nous ne venions pas dans une réunion de négociation avec un couteau en disant: 'il doit y avoir des réponses'", a dit Bruno le Roux après une heure et demie de discussion. "Nous sommes venus faire part d'un certain nombre de propositions sur lesquelles nous allons continuer à dialoguer dans les prochains jours. J'ai bon espoir, nous avons été entendus par le Premier ministre", a-t-il ajouté. La remise en cause du gel annoncé du montant des petites retraites "fait partie des discussions", a déclaré Valérie Rabault, rapporteure de la commission des Finances de l'Assemblée, selon qui "différentes options ont été abordées". Pour ce qui est des fonctionnaires, "on peut aussi tenir compte de la croissance", a-t-elle souligné, rappelant que les catégories C, correspondant aux agents les moins qualifiés, venaient d'être augmentées. A son arrivée, le député Dominique Lefebvre, membre de la Commission des Finances de l'Assemblée, avait lui aussi jugé possible "d'améliorer le plan d'économies sur certains aspects". L'entourage de Manuel Valls n'a fourni aucun détail, expliquant que le gouvernement était "dans une démarche de dialogue, en responsabilité", dans le respect des "engagements de la France vis-à-vis d'elle-même et de ses partenaires". "IL FAUT REGARDER", DIT LE ROUX Un proche de François Hollande a jugé pour sa part que "le principal, c'est que personne ne remette en cause les 50 milliards", laissant entendre que des modifications symboliques pourraient être acceptées par le gouvernement. Manuel Valls recevra mercredi des députés Verts et Radicaux de gauche, et assistera à une réunion du groupe PS de l'Assemblée nationale la semaine prochaine. Le chef du gouvernement a annoncé un gel des prestations sociales et des retraites jusqu'en octobre 2015 et du point d'indice des fonctionnaires jusqu'à la fin du quinquennat. L'objectif est de ramener le déficit public de la France à la limite européenne de 3% fin 2015 et de financer des baisses de prélèvements sur les entreprises pour accroître leur compétitivité et favoriser les embauches. Comme le gouvernement, les députés à l'origine des propositions discutées mardi veulent réaliser 50 milliards d'euros d'économies sur 2015-2017 par rapport à la croissance tendancielle des dépenses publiques, mais sans geler les prestations sociales et en épargnant les petites retraites. Pour compenser ces gestes, ils proposent notamment "de décaler à 2016 pour les grandes entreprises" la baisse du coût du travail prévue dans le cadre du pacte de responsabilité. SAPIN OPTIMISTE SUR LE VOTE Après l'annonce de la stratégie budgétaire du gouvernement, onze députés socialistes avaient écrit à Manuel Valls pour l'exhorter à limiter le plan à 35 milliards d'euros d'économies. Cette fronde de l'aile gauche du PS menace l'issue du vote du 29 avril sur le nouveau programme de stabilité de la France. Ce programme, qui fixera la trajectoire des finances publiques jusqu'à fin 2017, sera présenté mercredi au conseil des ministres. Le 29 avril, "c'est le moment de se regrouper, de ne pas céder aux tentatives d'échappée individuelle", déclare Bruno Le Roux dans un entretien au Monde paru mardi. "Dans ces étapes difficiles, soit on s'échappe, on fait un baroud et on s'écroule derrière ; soit on reste dans le peloton,on protège tout le monde et on arrive ensemble." En déplacement près de Lyon, le ministre des Finances, Michel Sapin, s'est montré optimiste. "Je n'ai aucun doute sur le fait qu'il y aura une majorité, c’est l’affirmation d'un cap et le dialogue qui permettent d’avoir une majorité solide", a-t-il dit. "Nous avons une semaine entière pour convaincre que le pacte de responsabilité, le plan de stabilité tel que nous le proposons est la bonne manière pour s’en sortir." (Jean-Baptiste Vey et Elizabeth Pineau, avec Catherine Lagrange à Lyon, édité par Yves Clarisse)