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Des Saoudiennes bravent l'interdit en se filmant au volant

RYAD (Reuters) - Quelques femmes saoudiennes ont bravé la loi qui leur interdit de conduire en se filmant samedi au volant de leur voiture dans le cadre d'une campagne visant à accorder plus de droits aux femmes du royaume. Cinq vidéos datées du 26 octobre et filmées a priori à Ryad, Djeddah et dans l'oasis d'Al-Ahsa ont déjà été diffusées sans qu'il ne soit possible de vérifier les conditions d'enregistrement. D'autres photos et vidéos devraient être publiées dans le courant de la journée sur des sites de partage en ligne, a déclaré un des organisateurs du mouvement. Selon les responsables de cette campagne, certaines femmes auraient reçu des coups de téléphone d'intimidation de la part d'hommes se présentant comme fonctionnaires au ministère de l'Intérieur. La police a par ailleurs mis en place des barrages routiers dans certains quartiers de Ryad, et les patrouilles policières dans les rues de la capitale semblaient plus importantes qu'en un samedi normal, rapportent des journalistes de Reuters. La question des droits des femmes est particulièrement sensible en Arabie saoudite, strictement wahhabite, où les femmes sont sous l'autorité d'un parent masculin, appelé leur "gardien", qui peut les empêcher de voyager à l'étranger, d'obtenir un emploi ou d'ouvrir un compte en banque. Le roi Abdallah, au pouvoir depuis 2005, a mis en oeuvre quelques réformes prudentes portant notamment sur l'accès des femmes à l'éducation ou à l'emploi. En février dernier, il a fait entrer pour la première fois 30 femmes au Conseil de la Choura, une assemblée consultative non élue formée de 150 membres. Mais il prend garde de ne pas froisser le clergé ultraconservateur. Vendredi, lors des grandes prières hebdomadaires, des appels ont été lancés pour conseiller aux femmes de rester chez elles. Les manifestations sont illégales en Arabie saoudite, et les revendications publiques de changement politique ou social sont traditionnellement interprétées comme une remise en cause intolérable de l'autorité de la famille régnante. Aussi les organisateurs du mouvement de samedi, qui n'ont pas appelé à des manifestations ou à la mise en place de cortèges de voitures conduites par des femmes, ont-ils pris le soin de préciser qu'il ne s'agissait pas d'une contestation politique. Ils ont reçu l'appui de trois femmes siégeant au Conseil de la Choura, qui ont proposé il y a deux semaines que le ministère du Transport étudie la possibilité d'autoriser les femmes à conduire. Parmi les arguments avancés, le coût financier pour les familles saoudiennes obligées d'employer un chauffeur à plein temps. Angus McDowall; Danielle Rouquié et Henri-Pierre André pour le service français