Des sangliers tchèques radioactifs, 30 ans après Tchernobyl

La République tchèque est confrontée cet hiver à un problème inhabituel avec la viande de sanglier, particulièrement appréciée dans le pays: elle est radioactive. /Photo d'archives/REUTERS/Baz Ratner

PRAGUE (Reuters) - La République tchèque est confrontée cet hiver à un problème inhabituel avec la viande de sanglier, particulièrement appréciée dans le pays: elle est radioactive. En fait, ce ne sont pas les sangliers eux-mêmes qui sont radioactifs, mais ce qu'ils mangent. En raison d'un hiver froid et neigeux, ils n'ont eu d'autre recours que de déterrer certains champignons souterrains, les fausses truffes, répandus dans le massif de la Šumava. Les champignons ont la faculté d'absorber de grandes quantités de césium 137, un isotope radioactif. Et voici trente ans, la catastrophe nucléaire de Tchernobyl a libéré dans l'atmosphère des quantités de césium 137 qui ont dérivé entre autres vers le massif de la Šumava. Désormais, les sangliers mangent les champignons et ingèrent le césium 137 qu'ils contiennent, ce qui rend leur viande radioactive, comme l'a confirmé Jiří Drapal, des Services vétérinaires nationaux. "C'est un problème plus ou moins saisonnier", dit-il. Mais cette saison dure. La demi-vie du césium 137 est de 30 ans. "On doit s'attendre à trouver de la viande contaminée pendant encore un bon nombre d'années", a ajouté Drapal. La viande de sanglier est souvent utilisée dans les restaurants tchèques pour le goulasch. De 2014 à 2016, la viande de 614 sangliers a été analysée, et dans 47% des cas, le niveau de césium dépassait la limite autorisée. (Robert Muller; Eric Faye pour le service français)