La Grèce et ses créanciers trouvent un accord

par Jan Strupczewski et Francesco Guarascio LA VALETTE (Reuters) - La Grèce et ses créanciers internationaux ont trouvé un accord sur les grandes lignes des réformes à mettre en oeuvre afin d'obtenir le versement d'une nouvelle tranche d'aide, a déclaré vendredi le président de l'Eurogroupe, ajoutant qu'une équipe d'experts allait maintenant se rendre à Athènes en vue d'apporter la touche finale à l'accord en question. Dans le cadre du plan d'aide international de 86 milliards d'euros conclu à l'été 2015, les créanciers examinent régulièrement la mise en oeuvre des réformes exigées d'Athènes avant tout déblocage de fonds. Les négociations bloquent depuis des mois, notamment sur les questions de la situation budgétaire et des réformes du marché du travail et du système des retraites. "Aujourd'hui, nous avons un accord (...) sur les éléments fondamentaux (...) en termes de taille, de calendrier et de succession des réformes et, sur cette base, les travaux vont se poursuivre dans les prochains jours", a dit Jeroen Dijsselbloem lors d'une conférence de presse, après la réunion de l'Eurogroupe tenue à Malte. Le rendement de l'emprunt grec à 10 ans a perdu 0,23 point à cette annonce. La Grèce doit progressivement réformer son système des retraites afin de réaliser des économies qui devront représenter 1% de son Produit intérieur brut (PIB) annuellement à partir de 2019, une année électorale. A quoi s'ajoutera 1% d'économies supplémentaires à compter de 2020 grâce à la réforme de l'impôt sur le revenu. Ces réformes supplémentaires sont surtout destinées à contenter le Fonds monétaire international (FMI) et l'Allemagne, qui s'étaient montrés très sceptiques sur la capacité de la Grèce à atteindre les objectifs fixés sans lesdites réformes. En contrepartie des réformes réclamées, les créanciers acceptent qu'en cas de dépassement des objectifs, la Grèce puisse réinvestir ses suppléments de ressources dans la relance de son économie. La Grèce doit dégager un excédent budgétaire primaire - soit hors service de la dette - de 3,5% du PIB en 2018, année où le plan d'aide doit arriver à son terme, et le maintenir à ce niveau à "moyen terme", une notion vague qui n'a pas été précisée voire même débattue par l'Eurogroupe ce vendredi. Plus la Grèce conservera un excédent budgétaire élevé dans le temps, moins elle aura besoin d'un allègement de sa dette, allègement que le FMI juge indispensable mais auquel l'Allemagne, premier créancier de la Grèce, est farouchement opposée. Berlin veut que le FMI participe au renflouement de la Grèce, qui pour l'heure n'est supporté que par les pays de la zone euro, essentiellement pour des raisons de crédibilité. Le FMI a néanmoins fait savoir - par la voix de son porte-parole Gerry Rice - que les autres pays de la zone euro devaient lui garantir qu'une stratégie sérieuse serait élaborée pour que la dette grecque soit à nouveau gérable dans le temps, avant qu'il ne participe financièrement au troisième plan d'aide accordé à la Grèce depuis 2010. Les ministres de la zone euro discuteront à nouveau d'un allègement de la dette grecque, une fois que les experts auront réglé les détails des réformes au niveau technique, a indiqué Dijsselbloem. "Une fois l'accord entériné au niveau technique, l'Eurogroupe reviendra sur la trajectoire budgétaire et sur la gestion de la dette à moyen terme, afin de sceller un accord politique global", a-t-il ajouté. Le temps presse car l'incertitude planant sur l'octroi de nouvelles ressources financières à la Grèce affecte tout à la fois les entreprises, les ménages et les investisseurs, et par contrecoup la croissance économique dans son ensemble. (Patrick Vignal et Catherine Mallebay-Vacqueur pour le service français, édité par Wilfrid Exbrayat)