Des progrès mais pas d'accord avec l'Ukraine sur le gaz russe

BERLIN (Reuters) - Le nouveau tour de table entre la Russie, l'Ukraine et l'Union européenne n'a pas permis vendredi de régler le contentieux de la facture gazière ukrainienne mais des progrès ont été enregistrés avec le paiement par Kiev de 786 millions de dollars pour une partie des livraisons effectuées par la Russie. Le ministre ukrainien de l'Energie Iouri Prodan a annoncé ce versement partiel à l'issue de discussions à Berlin avec son homologue russe Alexandre Novak et avec le commissaire européen à l'Energie Günther Oettinger jouant le rôle de médiateur. Prodan a précisé que l'entreprise publique russe Gazprom était prête à discuter d'une "solution globale" dans ce contentieux. "Un pas en avant a été fait bien qu'il n'y ait pas eu de solution définitive aujourd'hui", a commenté Günther Oettinger à l'issue de la rencontre. Le commissaire européen a précisé que la Russie était prête à poursuivre la négociation lundi à Bruxelles si un paiement partiel était effectué d'ici là. Oettinger a dit espérer parvenir à un accord avant le 3 juin (mardi) et a précisé que les discussions de lundi tenteront de trouver une solution à la dette énergétique de l'Ukraine ainsi qu'à un prix acceptable. Le commissaire européen a indiqué que les autorités de Kiev étaient prêtes à acquitter leur facture gazière pour la période de novembre à mai à condition que celle-ci soit présentée à un tarif inférieur à celui désormais exigé par Gazprom. Le ministre russe de l'Energie Alexandre Novak avait annoncé dans la journée n'avoir reçu aucun paiement pour le gaz livré à l'Ukraine après l'expiration du délai fixé à jeudi. "PAS UN SOU DEPUIS FÉVRIER" Novak a rappelé que Moscou et les Européens avaient proposé aux autorités ukrainiennes de verser un acompte de deux milliards de dollars à Gazprom au plus tard le 30 mai et 500 millions supplémentaires avant le 7 juin. Le ministre russe a ensuite déclaré que les négociations avec l'Ukraine pourraient se poursuivre la semaine prochaine, en discutant des remboursements et du tarif des futures livraisons à Kiev, dès que Moscou aura reçu le paiement partiel promis. "Depuis la fin février, pas un sou n'a été versé (par l'Ukraine) pour le gaz fourni. Telle est la situation", a dit Alexandre Novak. "La date de versement la plus rapprochée possible, c'est lundi", a-t-il ajouté, précisant avoir constaté dans les discussions de la journée "un réel intérêt" à régler le différend gazier entre les deux pays. Le directeur général de Gazprom a évalué que la facture de gaz exigible de l'Ukraine atteindrait 5,2 milliards de dollars au 7 juin si aucun versement n'était effectué d'ici là. La firme menace de cesser ses livraisons de gaz le 2 juin (lundi) en l'absence de prépaiement pour le mois de juin. L'Ukraine demande un changement des conditions fixées en 2009 qui l'obligent à acheter un volume déterminé de gaz à 485 dollars pour 1.000 mètres cubes, le prix le plus élevé acquitté par un client européen. En décembre dernier, en pleine contestation du président pro-russe Viktor Ianoukovitch, la Russie avait ramené ce prix à 268,50 dollars pour le soutenir, mais elle est revenue au tarif de 485 dollars après son éviction. Kiev réclame aujourd'hui le retour au tarif de décembre. (Erik Kirschbaum et Hans Busemann; Pierre Sérisier et Guy Kerivel pour le service français)