COR-Des prises de guerre pour l'UMP à défaut de victoire?

PARIS (Reuters) - Correction de l'âge d'Anne Hidalgo au 2e paragraphe. Son score du premier tour fut une surprise, une victoire tiendrait du miracle : Nathalie Kosciusko-Morizet estime toujours que "l'alternance est possible" à Paris, mais ses chances de l'emporter face à une gauche majoritaire en voix et détentrice des arrondissements-clés sont faibles. Dans une capitale solidement ancrée à gauche, la candidate socialiste Anne Hidalgo, 54 ans, "dauphine" du maire sortant Bertrand Delanoë, devrait sauver les honneurs au second tour alors que les communes françaises se donnent à la droite. Les listes de l'ancienne ministre de l'Ecologie de Nicolas Sarkozy sont arrivées en tête au premier tour (35,64%) devant les listes de la première adjointe sortante (34,40%), mais la gauche reste majoritaire en voix, avec l'appoint d'Europe Ecologie-Les Verts, des communistes et des divers gauche. Elle est en mesure de conserver deux arrondissements-clés pour ce scrutin particulier, le XIIe et le XIVe, pourvoyeurs d'un nombre significatif de conseillers de Paris. Le maire de la capitale est élu par les 163 conseillers de Paris. Pour être majoritaire au Conseil de Paris, il faut a minima réunir 82 conseillers. L'UMP, qui contrôle huit des vingt arrondissements, en compte actuellement 52. Selon diverses études, il lui faudrait un score de 53% pour conquérir la mairie, un objectif inatteignable si l'on considère que "NKM" peut escompter entre 45% et 50% grâce aux reports de voix du Front national et des candidats divers droite. En 2008, la candidate UMP, Françoise de Panafieu, avait recueilli 36,07% des suffrages au second tour. RABIBOCHAGES Nathalie Kosciusko-Morizet, qui prend date après une campagne pugnace pour une possible candidature en 2020, voire une participation à la primaire présidentielle de la droite pour 2017, répète que la politique est "une dynamique". "Je vois bien ceux qui font des additions, des soustractions, mais la politique, ce n'est pas de l'arithmétique". Pourtant, les chiffres sont là. Dans le XVIe arrondissement, où elle a été nettement devancée par la candidate PS-PCF Carine Petit (37,89%) au premier tour, Nathalie Kosciusko-Morizet (33,10%) est donnée perdante par un sondage CSA pour BFM TV, Orange et Le Figaro. L'institut crédite Carine Petit de 54% des intentions de vote contre 46% à son adversaire, qui a obtenu le ralliement de la dissidente Marie-Claire Carrère-Gée (5,74% au premier tour). Nathalie Kosciusko-Morizet s'est essayée dans l'entre-deux-tours à des rabibochages express avec les élus UMP sacrifiés sur l'autel du "renouvellement". Ainsi dans le Ve arrondissement, le fief chiraquien de la famille Tiberi acquis à la droite depuis 1977, le fils du maire sortant Jean Tiberi, Dominique (19,43%), a fusionné avec la candidate UMP officielle Florence Berthout (28,49%) pour éviter une défaite. Anne Hidalgo, qui est parvenue à un accord avec EELV au prix de 18 postes de conseillers et a été défaite par l'UMP dans le XVe arrondissement, a dénoncé une soumission, "toute honte bue", à "la pire tradition des combines politiciennes". Quelques dissidences subsistent à droite, sans incidence sur le nombre de sièges de conseillers de Paris. Dans la meilleure des hypothèses, l'UMP pourrait ajouter à sa liste les IVe et IXe arrondissements, où les duels s'annoncent serrés. Une prise symbolique qui pourrait ouvrir la voie à une possible reconquête de la capitale dans six ans. En attendant, la droite pourrait profiter de sa percée à Paris et dans sa région pour prendre la tête de l'établissement public de coopération intercommunale (EPCI) du "Grand Paris", que la gauche se voyait déjà diriger. (Sophie Louet, édité par Yves Clarisse)