Des milliers de Libanais réclament la démission du gouvernement

BEYROUTH (Reuters) - La police libanaise a eu recours samedi soir à Beyrouth aux gaz lacrymogènes, aux canons à eau et à des tirs de sommation pour tenter de disperser des milliers de manifestants réclamant la démission du gouvernement, auquel ils reprochent sa mauvaise gestion de la crise concernant l'enlèvement des ordures ménagères. Trente-cinq personnes, dont des manifestants et des policiers, ont été blessés dans les heurts, a indiqué la police. Les forces de l'ordre ont bouclé le centre de la capitale, aux abords du parlement et des édifices gouvernementaux, pour tenir à distance la plus grande manifestation antigouvernementale depuis des mois. "Les gens veulent le renversement du régime", ont déclaré des manifestants, reprenant des slogans du temps du "printemps arabe" en 2011, qui a fait tomber plusieurs dirigeants en place de longue date, de la Tunisie à l'Egypte ou à la Libye. En juillet, le pays a été confronté pendant plusieurs semaines à la présence d'ordures dans les rues, la classe politique ne parvenant pas à s'entendre sur l'endroit où les entreposer. La crise a été temporairement résolue avec le déblaiement des rues, mais les dissensions au sein du gouvernement sur le choix de l'entreprise devant obtenir un nouveau contrat d'enlèvement des ordures ménagères ont exposé le pouvoir à des accusations de corruption. Le gouvernement libanais est particulièrement affaibli depuis le début du conflit civil en Syrie voisine, conflit qui exacerbe les divisions politiques ainsi que les tensions intercommunautaires au Pays du cèdre. La présidence libanaise est vacante depuis plus d'un an et le parlement élu en 2009 a prorogé son propre mandat et reporté les élections législatives à 2017 en raison de l'instabilité ambiante. Un gouvernement d'union nationale maintient un semblant d'autorité centrale et contribue à contenir les tensions intercommunautaires. (Laila Bassam; Eric Faye pour le service français)