Des "midterms" en demi-teinte pour Barack Obama

par Steve Holland WASHINGTON (Reuters) - Avec une cote de popularité tombée à 40%, Barack Obama limite sa participation à la campagne pour les élections de mi-mandat à des réunions de levées de fonds et des déplacements dans quelques Etats disputés, un choix qui tranche avec les meetings géants de ses campagnes présidentielles de 2008 et 2012. Le ton a changé car la donne n'est pas la même: alors que le candidat à la Maison blanche suscitait l'enthousiasme populaire, le président en exercice n'est guère réclamé cette année par les postulants démocrates à un siège au Congrès. Les Américains éliront mardi prochain, le 4 novembre, les 435 membres de la Chambre des représentants ainsi que 36 sénateurs et le scrutin pourrait bien faire repasser le Sénat dans le camp républicain, donnant au "Grand Old Party" le contrôle de l'ensemble du Congrès. La situation de Barack Obama est loin d'être une première: lors du scrutin intermédiaire de 2006, George W. Bush s'était déjà tenu à distance, la guerre en Irak, très impopulaire, ayant plombé son image. Cette année, Barack Obama a principalement participé à des événements de collectes de fonds électoraux, une soixantaine au total. Dans la villa de l'actrice Gwyneth Paltrow à Los Angeles, les invités devaient par exemple débourser 1.000 dollars pour assister à la réception et 15.000 supplémentaires pour le dîner. A New York, chez le financier Mark Gallogly, ils ont payé entre 25.000 et 32.400 dollars. MOBILISER L'ÉLECTORAT DÉMOCRATE La Maison blanche explique que le président fait tout son possible pour le Parti démocrate, qu'il s'agisse de lever des fonds, de mobiliser son réseau d'électeurs ou d'appeler à voter. D'ici mardi prochain, il participera à des réunions publiques dans cinq Etats différents. "Notre approche des 'midterms' consiste à demander aux candidats comment nous pouvons les aider", résume Eric Schultz, porte-parole de la présidence. Or bon nombre de candidats démocrates au Sénat, comme Mark Begich en Alaska, Mark Udall dans le Colorado ou Mark Pryor en Arkansas, ont pris leurs distances vis-à-vis du président, mettant au contraire en avant leur indépendance par rapport à Washington. Mais leurs adversaires ne manquent pas une occasion de rétablir le lien. "Chaque fois que les démocrates essaient de prendre leurs distances, nous rappelons aux électeurs qu'ils ont été achetés, payés par Obama via ses levées de fonds et qu'ils ont soutenu sa politique à chaque étape", explique Kirsten Kukowski porte-parole du Comité national républicain. Dans ses discours, Barack Obama met en avant l'amélioration de la situation économique mais il évoque aussi les crises internationales, qui inquiètent les électeurs. L'économie va de mieux en mieux, a-t-il dit récemment à New York mais "malgré cela, je crois qu'il y a une certaine anxiété dans le pays". Pour Mike McCurry, qui fut secrétaire à la presse de Bill Clinton à la Maison blanche, l'économie pénalise en fait Obama malgré la reprise. "Les gens se sentent toujours dans l'incertitude concernant l'évolution de la situation économique, même si tous les indicateurs économiques semblent bons et s'il y a de nombreux éléments qui prouvent que l'économie reprend de la vigueur", dit-il. La perte du Sénat compliquerait évidemment les deux dernières années de Barack Obama dans le bureau ovale, alors que les initiatives les plus marquantes ont été votées lors des deux premières années de son mandat, quand les élus démocrates contrôlaient le Congrès. Pour tenter d'éviter une telle configuration, la mobilisation des électeurs démocrates est la priorité des derniers jours de campagne, comme l'a expliqué Barack Obama lui-même mardi lors d'un déplacement dans le Wisconsin en soutien à Mary Burke, candidate au poste de gouverneur de l'Etat. "Elle sera votre prochain gouverneur à condition que les gens votent", a-t-il dit à la foule réunie dans un gymnase de Milwaukee. (Avec Jeff Mason; Marc Angrand pour le service français)