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Des manifestants prennent d'assaut le parlement du Paraguay

Des manifestants ont pris d'assaut vendredi le parlement du Paraguay, déclenchant un incendie à l'intérieur du bâtiment, à la suite d'un vote à huis clos du Sénat autorisant le président Horacio Cartes à se représenter pour un nouveau mandat. /Photo prise le 31 mars 2017/REUTERS/Jorge Adorno

par Daniela Desantis et Luc Cohen ASSOMPTION (Reuters) - Des manifestants ont pris d'assaut vendredi le parlement du Paraguay, déclenchant un incendie à l'intérieur du bâtiment, à la suite d'un vote à huis clos du Sénat autorisant le président Horacio Cartes à se représenter pour un nouveau mandat. La Constitution du pays rédigée après la fin de la dictature en 1989 interdit la réélection du chef de l'Etat. Sur des images de télévision, on a pu voir des manifestants briser des vitres du parlement et affronter la police. Ils ont brûlé des pneus et démonté en partie la grille entourant le siège du Congrès national tandis que la police anti-émeutes a riposté à l'aide de grenades lacrymogènes et de balles en caoutchouc. Les manifestants ont finalement quitté le bâtiment et les pompiers ont pu maîtriser les flammes. Des rassemblements se poursuivaient ailleurs dans la capitale et dans le pays, ont rapporté les médias paraguayens. Ces derniers ont fait état de blessés parmi les responsables politiques et les journalistes et le ministre de l'Intérieur, Tadeo Rojas, a déclaré que nombreux policiers avaient été touchés. On ignore le nombre de blessés dans les deux camps. Horacio Cartes a lancé un appel au calme et au rejet de la violence. "La démocratie ne se conquiert pas et ne se défend pas par la violence et vous pouvez être certains que ce gouvernement poursuivra ses plus grands efforts pour maintenir l'ordre juridique dans la République", déclare-t-il dans un communiqué diffusé sur son compte Twitter. "Nous ne pouvons pas permettre à quelques barbares de détruire la paix, la tranquillité et le bien-être général du peuple paraguayen", ajoute-t-il. Réunis en séance extraordinaire à huis clos dans une salle du parlement et non au Sénat à proprement parler, 25 sénateurs sur les 45 de la chambre haute du Congrès national ont voté en faveur d'un amendement constitutionnel autorisant le président à solliciter un nouveau mandat. Les adversaires de cette mesure, qui dénoncent une remise en cause des institutions démocratiques du Paraguay, ont qualifié ce vote d'illégal. La proposition doit désormais être examinée par la Chambre des députés, où elle semble jouir d'un fort soutien. Un vote des députés prévu samedi matin a été reporté en attendant que la situation se calme, a dit le président de la Chambre, Hugo Velazquez. Cet amendement s'appliquerait aux futurs chefs de l'Etat mais aussi à Horacio Cartes, élu pour cinq ans en 2013 et dont les plus fervents partisans souhaitent qu'il se représente en 2018. Il concernerait aussi l'ancien président Fernando Lugo, dont les soutiens souhaitent aussi qu'il puisse à nouveau se présenter. (Bertrand Boucey pour le service français)