Des ex-rebelles bloquent un accès à Bouaké en Côte d'Ivoire

ABIDJAN (Reuters) - D'anciens rebelles ivoiriens démobilisés ont bloqué lundi une voie d'accès à la deuxième ville de Côte d'Ivoire, Bouaké, en érigeant des barricades et en bloquant la circulation, ont rapporté des témoins. Selon un militaire, les ex-combattants qui bloquent une entrée de la ville réclament des versements de l'Etat ainsi que leur intégration au sein de l'armée nationale. Bouaké a été au coeur d'une vague de mutineries au sein de l'armée qui ont secoué le pays en début d'année. Le militaire, qui ne participe pas au mouvement, et un autre témoin ont dit avoir vu plusieurs centaines d'ex-rebelles protester. Certains étaient armés selon eux. Amadou Ouattara, qui s'est présenté comme le porte-parole du groupe, a exhorté le président Alassane Ouattara à avoir "une pensée pour ses fils qui ont souffert pendant quinze ans". La Côte d'Ivoire a été divisée de 2002 et 2011 entre un Nord contrôlé par les rebelles et un Sud tenu par les forces gouvernementales. Depuis la fin de la guerre civile et de la partition, le pays a renoué avec une forte croissance mais les troubles du début d'année ont mis en relief des tensions au sein de l'armée. Le ministre de la Défense, Alain-Richard Donwahi, a déclaré que les protestataires n'étaient qu'une cinquantaine, qu'ils avaient entamé des discussions avec les autorités et que les barrages routiers avaient été levés. La situation est calme, l'ordre a été rétabli, a-t-il assuré. Amadou Ouattara a confirmé que des négociations avaient été acceptées par les anciens rebelles mais démenti que les barrages aient été levés. Selon lui, les manifestants de Bouaké représentent quelque 6.800 anciens combattants à travers le pays qui ont été démobilisés à la fin de la guerre en 2011. Ils réclament 12 millions de francs CFA chacun (environ 18.300 euros) ainsi que leur réintégration dans l'armée et les services publics. Le gouvernement a accepté cette année de verser ce montant à quelque 8.400 soldats d'active dans le cadre d'un accord pour mettre fin aux mutineries qui ont commencé à Bouaké en janvier avant de s'étendre à d'autres villes du pays. (Ange Aboa; Eric Faye et Jean-Stéphane Brosse pour le service français)