Des coptes visés par une attaque, le Caire riposte en Libye

par Omar Fahmy et Ahmed Aboulenein LE CAIRE (Reuters) - Un groupe de coptes qui se rendait à un monastère dans le sud de l'Egypte a été la cible d'une attaque vendredi qui a fait 29 morts et 25 blessés dans leurs rangs, dont de nombreux enfants, selon un bilan du ministère égyptien de la Santé. L'attaque, qui survient à la veille du ramadan, n'a pas été revendiquée. Elle fait suite à une série d'attentats contre des églises coptes revendiqués par l'Etat islamique. L'attentat, s'est produit dans la province de Minya, à environ 200 km au sud du Caire. La province abrite une communauté chrétienne relativement importante. Les victimes se rendaient à bord de deux autocars et d'un petit camion au monastère de Saint-Samuel le Confesseur pour y prier. Les assaillants ont stoppé les véhicules sur la route avant d'ouvrir le feu, ont indiqué des témoins. Selon un porte-parole du ministère égyptien de l'Intérieur, les attaquants sont arrivés à bord de trois véhicules 4x4. Les images diffusées par les chaînes de télévision montrent un autocar portant des traces de sang et semblant avoir été la cible de tirs d'armes à feu. On pouvait apercevoir des chaussures et des vêtements dans le véhicule et tout autour. Le président égyptien Abdel Fattah al Sissi a organisé une réunion avec les responsables de la sécurité, a annoncé l'agence de presse officielle égyptienne. Dans la soirée, des avions de chasse de l'armée égyptienne ont mené des raids aériens contre des camps situés près de Derna, en Libye, dans lesquels se trouveraient des activistes soupçonnés d'être responsables de l'attaque meurtrière contre des coptes. Les forces de l'Est libyen du général Khalifa Haftar affirment avoir participé à ces bombardements. Un habitant de Derna dit avoir entendu quatre fortes explosions et précisé qu'elles avaient touché des camps occupés par des combattants du groupe islamiste Majlis al Choura. Un porte-parole de ce groupe a toutefois déclaré dans une vidéo diffusée sur internet que les frappes aériennes n'avaient pas touché de camp. Au contraire, dit-il, ce sont des zones civiles qui ont été frappées. "BARBARIE" Les dirigeants de la communauté musulmane ont condamné ces meurtres. Le grand imam de la mosquée al Azhar, la plus ancienne université islamique au monde, a déclaré que cette attaque avait pour but de déstabiliser le pays. "J'appelle les Egyptiens à rester unis face au terrorisme sauvage", a dit Ahmed el Tayeb, qui se trouve en visite en Allemagne. La France "condamne avec la plus grande fermeté cet acte lâche et barbare" et "se tient résolument au côté de l’Egypte dans son combat contre le terrorisme", a indiqué son ministre de l'Europe et des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian. Le Premier ministre Edouard Philippe a déploré sur Twitter "la barbarie" dont ont été à nouveau victimes les chrétiens orthodoxes d'Egypte. "Pensées aux victimes et plein soutien à ceux qui font face aux terroristes", dit-il. De nombreux attentats meurtriers ont visé la minorité chrétienne égyptienne ces derniers mois, notamment dans des églises et en particulier dans la cathédrale Saint Marc d'Alexandrie, le mois dernier. Cette attaque suicide le dimanche des Rameaux a fait 45 morts et a été revendiquée par l'Etat islamique. Au total, les attentats au Caire, Alexandrie et Tanta ont fait quelque 70 morts depuis décembre. Les coptes, des chrétiens orthodoxes, représentent environ 10% de la population en Egypte, pays de 92 millions d'habitants. Ils soutiennent le président Sissi qui s'est engagé à éliminer l'extrémisme islamiste et à protéger les chrétiens. Il a déclaré un état d'urgence pour une période de trois mois après les derniers attentats dans des églises coptes en avril. (Ahmen Aboulenein et Mohamed Abdellah avec Cyril Camu à Paris; Gilles Trequesser, Hélène Dauschy et Danielle Rouquié pour le service français)