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Des complices de Salman Abedi peut-être encore en fuite

par Phil Noble MANCHESTER, Angleterre (Reuters) - Des membres du réseau responsable de l'attentat suicide commis par Salman Abedi lundi soir à Manchester pourraient être en fuite, a estimé dimanche la ministre britannique de l'Intérieur, Amber Rudd, alors que le niveau d'alerte a été abaissé de "critique" à "sévère" en Grande-Bretagne. La police britannique a indiqué avoir procédé à l'arrestation d'une grande partie du réseau derrière l'attentat qui a fait 22 morts à la sortie d'un concert lundi soir. Deux arrestations ont encore eu lieu samedi. Au total, onze personnes sont en gardes à vue. Interrogée sur la télévision de la BBC, Amber Rudd a estimé que, "potentiellement", certains individus ayant appartenu au réseau de Salman Abedi pouvaient être encore en fuite. "C'est une opération en cours. Il y a onze personnes en détention et l'opération tourne toujours à plein régime d'une certaine manière", a déclaré la ministre. La Première ministre britannique Theresa May a expliqué que les avancées de l'enquête ont incité les spécialistes du renseignement à abaisser le niveau d'alerte de "critique" à "sévère", estimant qu'un attentat n'était plus imminent. La police a publié une photo de Salman Abedi, un jeune homme de 22 ans né de parents libyen, prise lundi soir avant qu'il n'actionne son engin explosif. La police estime qu'il a assemblé sa bombe dans un appartement du centre de Manchester. Les enquêteurs ont établi que le jeune homme était récemment rentré de Libye. La police est toujours en quête d'informations sur ses déplacements depuis le 18 mai, date de son retour en Grande-Bretagne. Le gouvernement britannique a indiqué qu'Abedi était connu des services de sécurité avant l'attentat. Amber Rudd n'a pas voulu préciser quelle était la nature du signalement qui le visait. 500 PROJET POTENTIELS D'ATTENTATS La presse a rapporté que des personnes connaissant Abedi avaient exprimé leurs inquiétudes à son sujet et à propos de ses opinions il y a déjà cinq ans. "Les services de renseignement continuent à rassembler des informations à son sujet et, contrairement à ce que vous faites, je ne veux pas anticiper une conclusion selon laquelle quelque chose leur aurait échappé", a ajouté Amber Rudd. Priée de dire combien de personnes étaient susceptibles de faire l'objet d'une surveillance, elle a expliqué que les services de sécurité s'intéressaient à 500 projets potentiels d'attentats concernant 3.000 personnes en "première liste" avec 20.000 personnes supplémentaires de moindre importance. Le ministre chargé de la sécurité Ben Wallace a déclaré pour sa part à la BBC que le gouvernement envisageait une série de mesures pour accroître la pression sur les sociétés de l'internet de façon à ce qu'elles suppriment les contenus extrémistes et qu'elles modifient leurs algorithmes pour empêcher que ce genre de messages puissent être reliés avec des contenus similaires ailleurs sur la toile. Le gouvernement britannique, a dit Amber Rudd, progresse dans ses discussions avec les sociétés de l'internet pour qu'elles empêchent la diffusion de messages extrémistes et la communication entre islamistes via des messageries cryptées. "Je pense que nous pouvons faire en sorte qu'elles réussissent mieux à travailler avec nous pour trouver un moyen d'obtenir une partie de cette information", a déclaré Amber Rudd. "Le domaine qui me préoccupe le plus sont les sociétés de l'internet qui continuent à publier des contenus haineux, le matériau de la haine qui contribue à radicaliser les gens dans ce pays". (Pierre Sérisier et Danielle Rouquié pour le service français)