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L'IAAF défend sa lutte antidopage

Plusieurs organisations du monde sportif réclament des investigations approfondies sur les nouvelles allégations de dopage à grande échelle dans l'athlétisme, qui menacent de déclencher une nouvelle crise mondiale à quelques jours des championnats du monde de la discipline. /Photo d'archives/REUTERS/Max Rossi

par Ossian Shine KUALA LUMPUR (Reuters) - La Fédération internationale d'athlétisme (IAAF) s'est défendue lundi de tout laxisme en matière de lutte antidopage face à la multiplication des appels à l'ouverture d'une enquête approfondie sur les dernières informations de presse en la matière. Le Sunday Times, à Londres, et le groupe allemand de radio-diffusion ARD/WDR ont rapporté dimanche s'être procuré des informations confidentielles de l'IAAF, fournies par un lanceur d'alerte, alimentant des soupçons de dopage à grande échelle dans le monde de l'athlétisme pendant de nombreuses années. "Il y a des allégations qui sont faites, aucune preuve. Nous voulons les étudier avec sérieux parce que dire que, dans l'athlétisme, entre 2001 et 2012, nous n'avons pas fait un travail sérieux, c'est risible", a déclaré à Reuters le président de l'IAAF, Lamine Diack, en réaction à ces informations. Celles-ci menacent le monde du sport de compétition d'un nouveau scandale international, quelques mois seulement après celui des accusations de corruption visant des responsables de la FIFA, la Fédération internationale de football, et à moins de trois semaines des championnats du monde d'athlétisme à Pékin. Selon le Sunday Times et ARD/WDR, des coureurs de fond soupçonnés de dopage ont remporté un tiers des médailles aux Jeux olympiques et aux championnats du monde au cours de la période concernée. Ces deux médias n'affirment pas que certains athlètes ont échoué aux tests antidopage mais seulement que les résultats des tests sanguins étudiés sont "anormaux", ce qui pourrait dans certains cas être le signe d'un dopage. Le président du Comité international olympique (CIO), Thomas Bach, a déclaré lundi s'être entretenu avec le directeur général de l'Agence mondiale antidopage (Ama), Craig Reedie, et faire pleinement confiance à l'Ama pour mener des investigations approfondies. "Je n'ai pas d'informations sur des allégations précises, quels athlètes, quelles compétitions sont concernées", a-t-il dit. Il a assuré que le CIO pratiquerait la "tolérance zéro" si des résultats enregistrés lors des Jeux olympiques étaient mis en cause. "Mais à ce stade, nous n'avons rien de plus que des allégations et nous devons respecter la présomption d'innocence des athlètes", a-t-il poursuivi. "DE NOUVELLES PREUVES" Lamine Diack n'a quant à lui pas exclu que certains palmarès soient remis en cause si des cas de dopage étaient mis au jour. "Je ne sais pas à quoi nous sommes confrontés", a-t-il dit. "C'est possible, si nous découvrons de nouvelles techniques ayant permis à quelqu'un de se doper, etc, etc, alors oui; dans le cas contraire, non." "Mais j'ai bien ri en lisant qu'entre 2001 et 2012, l'IAAF n'avait pas fait son travail", a-t-il ajouté. Cette mise en cause de l'IAAF intervient à quelques semaines de l'élection du nouveau président de la fédération, pour laquelle le Britannique Sebastian Coe et l'Ukrainien Sergueï Bubka sont en lice. L'agence antidopage américaine, l'USADA, a plaidé dimanche par la voix de son directeur général, Travis Tygart, en faveur d'un "examen approfondi et offensif" afin de protéger les athlètes "propres". "Il s'agit de nouvelles preuves de ce que soupçonnaient bon nombre d'entre nous", a-t-il déclaré à Reuters. Robin Parisotto, un expert australien du dopage, a expliqué à Reuters que différents facteurs, comme le moment auquel ont été réalisés les tests ou l'altitude, pouvaient expliquer le caractère "anormal" de certains tests sanguins. "Il y a eu 800 résultats anormaux ou suspects mais tous ne traduisent pas réellement un dopage", a-t-il dit à Reuters. "Mais il y a des valeurs qui sont (...) assez extrêmes et même en prenant en considération des facteurs perturbateurs, il n'y a vraiment pas à contester ce que nous disent ces données", a-t-il ajouté. L'IAAF a noté pour sa part que les informations publiées dimanche, fondées sur les résultats de plus de 12.000 tests sanguins, reposaient sur des informations confidentielles obtenues sans autorisation. Alors qu'un nombre important des échantillons sanguins "anormaux" concernent des sportifs russes selon la presse, le ministre russe des Sports, Vitali Moutko, a déclaré que ces allégations n'avaient "rien à voir avec la Russie" et qu'elles relevaient d'une lutte pour le pouvoir au sein de la direction de l'IAAF. Le nouveau président de l'IAAF doit être élu le 19 août à Pékin, trois jours avant le début des championnats du monde organisé dans la capitale chinoise. (avec Julian Linden à Kuala Lumpur, Steve Ginsburg à Washington, Lincoln Feast à Sydney, Peter Rutherford à Singapour et Ben Blanchard à Pékin; Marc Angrand pour le service français)