"Invasion" de combattants islamistes étrangers aux Philippines

MARAWI, Philippines (Reuters) - Des Indonésiens et des Malaisiens combattent dans les rangs des islamistes qui affrontent l'armée philippine sur l'île de Mindanao et les autorités brandissent le risque d'une "invasion" de djihadistes liés à l'organisation Etat islamique (EI). Les autorités philippines ont lancé une offensive dans la ville de Marawi, sur Mindanao, occupée depuis plusieurs jours par des rebelles liés à l'EI. Y participent des forces spéciales avec l'appui d'hélicoptères de combat. Face à eux, se trouvent une trentaine de rebelles très déterminés, dit l'armée. "Ce n'était auparavant qu'un groupe terroriste local. Mais ils ont depuis adhéré à l'idéologie de l'EIIL (Etat islamique en Irak et au Levant, ancien nom de l'EI-NDLR)", a déclaré vendredi le procureur général de Manille, José Calida. "Ils veulent que Mindanao rejoigne le califat (...) Il s'agit d'une invasion de la part de terroristes étrangers", a-t-il ajouté lors d'une conférence de presse à Davao. Le président Rodrigo Duterte a prévenu mercredi qu'il serait d'une sévérité absolue face à cette situation et que la loi martiale qu'il vient d'instaurer sur Mindanao pourrait rester en place durant un an si nécessaire. S'exprimant vendredi dans la ville voisine d'Iligan, il a adressé un "message aux terroristes", les invitant à essayer de "résoudre la situation par la voie du dialogue". A défaut, a-t-il dit, "on va se battre". Les combats à Marawi ont fait au moins 42 morts, 11 soldats et 31 rebelles du groupe islamiste Maute. Une école, la cathédrale et la prison ont été incendiées dans cette ville à majorité musulmane de 200.000 habitants. Selon José Calida, les rebelles du groupe Maute et l'EI entendent faire de Mindanao une province de l'EI "Ceux qu'ils considèrent comme infidèles, qu'ils soient chrétiens ou musulmans sont également visés", a-t-il prévenu. "Ce qui est préoccupant, c'est que l'EIIL a radicalisé un grand nombre de jeunes philippins musulmans." Le groupe Maute, qui a fait allégeance à l'EI, est accusé d'avoir commis des attentats à la bombe, dont un qui a fait 14 morts en septembre à Davao, grande ville dont Rodrigo Duterte a été le maire pendant vingt-deux ans. (Romeo Ranoco, avec Neil Jerome Morales à Davao, Nicolas Delame et Gilles Trequesser pour le service français)