Derrière Kamala Harris et Donald Trump, qui sont les trois candidats de l'ombre de la présidentielle aux États-Unis ?
Derrière les candidats du parti Démocrate et du parti Républicain, d'autres tentent d'exister et de tirer leur épingle du jeu.
Ils étaient 23 sur la ligne de départ, ils ne sont plus que cinq, à moins de deux mois de l'élection présidentielle américaine. Dans l'anonymat quasi total, trois candidats poursuivent leur campagne, loin de l'attention médiatique quasiment uniquement focalisée sur le duel entre Kamala Harris et Donald Trump.
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Si leurs chances d'entrer à la Maison Blanche sont quasi-nulles, ils comptent maintenir leur candidature jusqu'au bout, et espérer créer une impossible surprise, derrière le duo Kamala Harris Donald Trump, donnés largement favoris dans les sondages. Avec comme rêve d'égaler le score de Ross Perot, milliardaire candidat en indépendant qui avait récolté 18,9 % des voix. Une mission d'autant plus difficile qu'avec des règles électorales différentes dans chaque État, ces candidats ne sont pas sûrs de pouvoir se présenter dans tous les États américains.
Jill Stein
À 74 ans, Jill Stein n'en est pas à son coup d'essai. En 2012 déjà, elle était la candidate du parti Vert pour l'élection présidentielle qui voit Barack Obama entrer à la Maison Blanche. Elle récolte alors 469 015 voix, soit 0,36% des suffrages, et ne dépasse 1% que dans trois États.
Quatre ans plus tard, en 2016, elle tente de nouveau sa chance et récolte cette fois 1 457 218 voix, soit 1,07% des suffrages.
Huit ans plus tard, Jill Stein en est à sa troisième tentative sous l'étiquette du parti Vert. Diplômée de psychologie et de sociologie, elle enchaîne avec des études de médecine, et est interne durant 25 ans à Boston.
Durant ses activités de médecin, Jill Stein s'intéresse aux liens entre santé publique et qualité de l'environnement local. En 1998, elle finit par se lancer dans le militantisme pour s'opposer aux centrales électriques à charbon.
Jill Stein se lance en politique pour dénoncer une réforme du parti démocrate sur la financement des campagnes électorales, et rejoint le parti Vert, dont elle est la candidate au poste de gouverneur du Massachusetts en 2002.
Elle se présente ensuite à plusieurs élections locales, sans succès. En 2012, elle est la candidate du parti Vert, et est arrêtée durant la campagne avec son colistier et trois autres personnes durant un sit-in dans une banque de Philadelphie pour protester contre la saisie de maisons de plusieurs habitants de la ville.
Jill Stein qualifie Mitt Romney de "loup dans un costume de loup", tandis que selon elle, Barack "Obama est un loup dans un costume de mouton, mais les deux ont pour l'essentiel le même agenda", quelle qualifie tous deux de "candidats de Wall Street".
Elle est de nouveau candidate quatre ans plus tard, et est accusée par ses adversaires d'avoir des liens avec la Russie, après avoir participé à un dîner avec le président Vladimir Poutine, ce qu'elle nie.
Dans son programme, elle veut "renverser le cours du changement climatique et rendre obsolètes les guerres du pétrole", et veut mettre en place un "New Deal" vert. Jill Stein veut également un renforcement de la Sécurité Sociale, l'instauration d'un salaire minimum pour les travailleurs sans diplôme ou encore la mise en place d'une démocratie comprenant plusieurs partis politiques et pas seulement les Démocrates et Républicains.
Chase Oliver
À 39 ans, il est le plus jeune candidat à la présidentielle, sous l'étiquette du parti libertaire. Jusqu'à 2010, il était membre du parti démocrate, qu'il a quitté en désaccord avec les choix de Barack Obama sur la gestion de la guerre en Irak.
En 2020, il se présente à sa première élection, dans l'État de Géorgie, puis en 2022 aux sénatoriales de l'état, où il récolte plus de 2% des voix. Dans le quotidien local The Gazette il se présente comme un "libertaire pro-armes à feu, pro réforme de la police", et se défini par ailleurs comme "armé et gay".
Avec des idées très différentes de Jill Stein, la candidate du parti Vert, il veut lui aussi démontrer que le système américain avec deux partis est obsolète, et prône pour un vote dit "préférentiel", lors duquel l'électeur peut voter pour un ou plusieurs candidats, les sièges étant ensuite répartis à la proportionnelle.
Parmi les idées qu'il défend, fidèles à sa ligne très libérale, une opposition à la politique interventionniste américaine, la fin de tout soutien financier à Israël comme à l'Ukraine, le soutient du droit à l'avortement au niveau national, la non-régulation des armes à feu ou encore la dépénalisation de toutes les drogues. Le magazine Rolling Stones l'a qualifié de "libertarien le plus influent du pays".
Cornel West
À 71 ans, c'est sa première candidature à la présidentielle américaine. Candidat sans étiquette, Cornel West est un militant de la première heure né dans une ville au lourd passé, qui forge son militantisme : il est né à Tulsa où, le 1er juin 1921, des milliers d'Afro-Américains avaient été assassinés, emprisonnés, harcelés et violemment battus dans les rues de la ville.
Durant son adolescence, il participe à des manifestations pour les droits civiques, et revendique admirer "le militantisme sincère de Malcolm X et la rage provocatrice des Black Panthers.
Professeur de philosophie à l'université, il contribue à de nombreuses études sociales et raciales, et veut, avec sa candidature, défendre les classes populaires américaines et de lutter contre la pauvreté. À la fun des années 1980, alors enseignant, il manifeste sur le campus de Yale contre l'Apartheid en Afrique du Sud, et est emprisonné.
Soutien de Barack Obama pour la présidentielle de 2008, dont il fait l'éloge de sa capacité de jugement et sa personnalité, il confie sa déception sept ans plus tard. Il "s'était présenté comme un progressiste et s'est révélé une fraude. Nous nous sommes retrouvés avec une présidence Wall Street", dénonce-t-il.
Parmi ses prises de position, il dénonce l'invasion "criminelle" de l'Ukraine par la Russie mais estime qu'elle est le résultat d'une provocation par l'OTAN, et propose que l'Ukraine fasse des concessions territoriales à la Russie pour apaiser le conflit.
Après avoir tenté d'être candidat du Parti vert, dont il renonce la participation à la primaire, il se présente comme indépendant, et fait campagne sur l'assurance santé, les salaires, le logement, la démocratie, l'environnement et les droits reproductifs.