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Derrière la vitrine touristique, la vague d’exil de la jeunesse marocaine

C’est un phénomène qui touche tout le Maghreb, celui de la fuite d’une jeunesse qui ne rêve que d’Europe. Dans la ville marocaine de Taghazout, paradis touristique du surf, une nouvelle route de l’exil est empruntée par les jeunes Marocains : celle qui, à travers l’Atlantique, raconte “Middle East Eye”, ouvre la voie de l’Europe par les îles Canaries.

“Avant de venir ici, je pensais que Taghazout, c’était le paradis. Le paradis des surfeurs, mais aussi des jeunes comme moi qui veulent se faire beaucoup d’argent en peu de temps. Je me disais que, en travaillant avec les touristes, ce serait facile de sortir ma famille de la misère, et qu’enfin mes rêves d’exil cesseraient.”

Ilyas a 18 ans. Originaire de la banlieue pauvre d’Agadir (côte sud du Maroc), il a arrêté l’école tôt pour soutenir sa famille financièrement : mécanicien, peintre, ouvrier, couturier, moniteur de jet-ski, “il n’y a aucun métier que je n’aie pas fait”, résume-t-il à Middle East Eye (MEE).

“Harraguisme” 2.0

Mais depuis un an qu’il travaille à la gestion d’appartements destinés aux vacanciers, une idée l’obsède : tenter la traversée de l’océan Atlantique. “Quand j’avais 15 ans, je me suis rendu seul à Nador [nord-est du Maroc] et je me suis jeté dans la Méditerranée. Je voulais nager jusqu’à Melilla [enclave espagnole dans le nord du Maroc]. Mais un policier m’a vu et m’a ramené au rivage. À cause des contrôles renforcés, rejoindre Ceuta [autre enclave espagnole] et Melilla n’est plus aussi facile qu’avant. Il faut passer par le sud.

Pendant son temps libre, il étudie minutieusement les différents itinéraires possibles et se prépare à un périple qui devrait durer trois jours. Google Maps à la main, il explique qu’il compte faire la première partie du chemin en jet-ski, avant de continuer de nuit à bord d’un canot pneumatique. Au 31 mai 2022, 8 268 migrants avaient réussi à atteindre les îles Canaries depuis le Maroc, soit deux fois plus qu’en 2021 à la même période.

De plus, comme Ilyas, au Maroc, plus d’un candidat à l’émigration sur cinq est âgé de moins de 19 ans, selon les chiffres de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM).

“En Europe, tu peux accomplir tes rêves dix fois plus vite qu’au Maroc. Ici, tu t’épuises à travailler douze heures par jour pour un salaire dérisoire. Cela fait quelques années que les autorités financent la construction d’hôtels de luxe à Taghazout, pendant que nous, les jeunes, on reste dans la misère”, confie à MEE Sofiane, autre candidat à l’exil de 17 ans, qui travaille dans un magasin de surf et n’a pas été payé par son patron depuis trois mois.

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