Derniers meetings pour Erdogan et son adversaire

Le président turc Recep Tayyip Erdogan et son principal adversaire Muharrem Ince tiennent samedi à Istanbul leurs derniers meetings de campagne, à la veille d'élections présidentielle et législatives aux enjeux sans précédent depuis plusieurs décennies. /Photo prise le 23 juin 2018/REUTERS/Umit Bektas

ISTANBUL (Reuters) - Le président turc Recep Tayyip Erdogan et son principal adversaire Muharrem Ince tiennent samedi à Istanbul leurs derniers meetings de campagne, à la veille d'élections présidentielle et législatives aux enjeux sans précédent depuis plusieurs décennies.

La réforme constitutionnelle adoptée l'an dernier dans le cadre d'un référendum très serré va doter le vainqueur de la course à la magistrature suprême de pouvoirs élargis.

"Si Dieu le veut, la Turquie va décoller avec ce système (...) Avec ce système, nous réaliserons ce que d'autres ne peuvent même pas imaginer", a promis le chef de l'Etat sortant, s'adressant à plusieurs dizaines de milliers de sympathisants rassemblés dans le quartier d'Esenyurt.

Recep Tayyip Erdogan, qui a prévu quatre autres meeting dans la journée à Istanbul, a promis de multiplier les grands projets d'infrastructure et les réformes qui en ont déjà fait l'un des personnalités les plus populaires mais aussi les plus controversées de l'histoire nationale.

Le président islamo-conservateur et le Parti de la Justice et du développement (AKP) auquel il appartient dominent la vie politique turque depuis quinze ans. L'aggravation de la situation économique, due en partie à la forte baisse de la lire, et les vastes purges entreprises après le coup d'Etat manqué de juillet 2016 ont toutefois donné un coup de pouce inattendu à l'opposition, tout comme la personnalité de Muharrem Ince, un ancien professeur de physique qui se présente sous les couleurs du Parti républicain du peuple (CHP).

GROSSE AFFLUENCE AU MEETING D'INCE

Il lui a suffi de quelques jours, après sa désignation, pour s'affirmer comme seul chef de file de l'opposition aux dépens de Meral Aksener et pour transformer la campagne présidentielle en duel avec le président sortant.

Samedi, un million de personnes sont venues l'écouter à Maltepe, un autre quartier d'Istanbul, selon la police. Lui même affirme qu'elles étaient cinq fois plus nombreuses. Taxant Erdogan de dérive autoritaire, il leur a promis de remettre la Turquie sur les rails de la démocratie et a dénoncé le traitement médiatique de sa campagne.

"Il y a actuellement cinq millions de personnes à Maltepe, mais aucune chaîne de télévision ne peut le montrer", a-t-il déploré. Ce chiffre n'a pu être vérifié, mais les images diffusées sur les réseaux sociaux témoigne du succès de son meeting.

"Que cette immoralité serve d'exemple pour le reste du monde", a-t-il poursuivi, ajoutant avoir participé à 107 rassemblements dans les 51 jours qui ont suivi l'annonce de sa candidature.

De l'autre côté du Bosphore, le chef de l'Etat a promis un scrutin libre, équitable et sûr. "Nous avons pris toutes les précautions nécessaires", a-t-il déclaré.

Recep Tayyip Erdogan est en tête des intentions de vote, mais pourrait être contraint à un second tour. En ce qui concerne les législatives, l'AKP pourrait perdre sa majorité.

Les partis d'opposition et les organisations non gouvernementales ont l'intention de déployer plus d'un demi-million d'observateurs et de bénévoles pour veiller au bon déroulement des élections.

(, Jean-Philippe Lefief pour le service français)