Dernier round d'observation pour le Brexit à Salzbourg

Theresa May et les 27 autres dirigeants européens feront le point sur leurs positions respectives sur le Brexit mercredi et jeudi à Salzbourg, un mois avant un Conseil européen censé aboutir à un accord sur le retrait du Royaume-Uni de l'Union. /Photo prise le 12 septembre 2018/REUTERS/Toby Melville

PARIS (Reuters) - Theresa May et les 27 autres dirigeants européens feront le point sur leurs positions respectives sur le Brexit mercredi et jeudi à Salzbourg, un mois avant un Conseil européen censé aboutir à un accord sur le retrait du Royaume-Uni de l'Union.

La question de la frontière irlandaise reste l'obstacle principal à cet accord qui devra être ratifié par les parlements britannique et européen avant le 29 mars, date du Brexit.

Pour les Européens, la solution du "backstop" agréée en décembre avec les Britanniques, qui maintient l'Irlande du Nord dans l'union douanière européenne, doit absolument figurer dans l'accord, ce que refuse Londres car elle couperait le Royaume-Uni en deux : l'Irlande du Nord d'un côté, le reste de l'autre.

Le négociateur européen, Michel Barnier, tente de surmonter cette opposition en travaillant sur des solutions adoucissant les contrôles que cette future frontière douanière engendrerait.

Le sommet informel de Salzbourg, organisé sous présidence autrichienne de l'UE, ne donnera pas lieu à un échange politique direct entre la Première ministre britannique et les 27.

Theresa May exposera sa position mercredi soir aux 27. Ces derniers travailleront entre eux jeudi et devraient réaffirmer leur ligne et leur confiance dans leur négociateur.

"Il y a des principes de chaque côté qui apparaissent en partie incompatibles (...). A un moment, il y aura des choix politiques à faire", a déclaré lundi un responsable de l'Elysée.

"L'idée que vous puissiez avoir un départ sans sortie ou une frontière sans frontière est une forme d’aporie", a-t-on ajouté de même source. Sur la question irlandaise, "vous ne pouvez pas avoir à la fois l’intégrité du marché unique, l’intégrité de l’île d’Irlande et l’intégrité parfaite du Royaume-Uni".

LE SPECTRE DU "HARD BREXIT"

Contestée par des dizaines de parlementaires conservateurs "frondeurs", Theresa May a prévenu lundi que ceux qui refuseraient de la suivre précipiteraient le pays dans un "hard Brexit", un départ sans accord ressemblant à un saut dans l'inconnu.

"Quand nous y serons, je crois que le Parlement votera en faveur de l'accord", a-t-elle cependant jugé sur la BBC.

Reçu lundi par Emmanuel Macron, le chancelier autrichien, Sebastian Kurz, a dit penser qu'il y avait consensus pour "faire tout ce qu'il est possible de faire pour éviter un hard Brexit".

Le président français a pour sa part jugé qu'il était "indispensable que nous puissions trouver un accord, en tous cas que les règles de cohésion, de protection de l’Union européenne et du marché unique soient pleinement préservées".

Emmanuel Macron déjeunera mardi avec le président du Conseil européen, Donald Tusk, et une rencontre avec Theresa May est envisagée à Salzbourg.

Michel Barnier a jugé possible la semaine dernière un accord dans un délai de six à huit semaines si chacun se montre "réaliste".

"En tenant compte du temps nécessaire au processus de ratification, la Chambre des communes d'un côté, le Parlement européen et le Conseil (européen) de l'autre (...), nous devons arriver à un accord avant début novembre. Je pense que c'est possible", a dit le négociateur européen.

Des responsables européens estiment que Theresa May ne pourra pas faire de pas vers un compromis avant le congrès du parti conservateur, du 30 septembre au 3 octobre.

Cela laissera ensuite deux semaines pour négocier jusqu'au prochain Conseil européen, le 18 octobre à Bruxelles.

Une autre rencontre à Bruxelles est envisagée en novembre, si nécessaire.

(Jean-Baptiste Vey, édité par Yves Clarisse)