Le dernier rapport de l’ONU sur le réchauffement climatique enterre (presque) l’Accord de Paris, sauf si…
ENVIRONNEMENT - Maintenant ou jamais. Le Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE) a publié ce jeudi 24 octobre un nouveau rapport édifiant, demandant aux États de donner un coup d’accélérateur sans précédent à leurs stratégies climatiques. Et ce, à moins d’un mois de la COP29 en Azerbaïdjan.
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Le document est publié alors que les pays doivent annoncer d’ici février 2025 leurs nouveaux engagements en matière de réduction d’émissions de carbone pour la période allant jusqu’en 2035, et alors que les émissions liées aux activités humaines ont encore progressé de 1,3 % entre 2022 et 2023. Les émissions mondiales se sont même établies à un nouveau record de 57,1 milliards de tonnes de CO2.
Un constat alarmant, car chaque année où les émissions continuent d’augmenter, la possibilité de limiter le réchauffement planétaire à +1,5 °C par rapport à l’ère préindustrielle est mise un peu plus en péril. Le franchissement de ce seuil entraînerait des « conséquences irréversibles » pour l’avenir de l’humanité, prévient d’ailleurs l’ONU. De quoi nous éloigner un peu plus des ambitions de l’Accord de Paris.
Réduction annuelle de 9 % d’ici 2030
Ainsi, pour maintenir le réchauffement planétaire sous 1,5 °C, les émissions doivent être réduites de plus de 40% d’ici à 2030 par rapport aux niveaux de 2019. Cela signifie une réduction annuelle de 9% des émissions mondiales d’ici à 2030, a indiqué le chef de l’Organisation des nations unies, Antonio Guterres.
À titre de comparaison, la baisse des émissions en 2020, due à des fermetures d’usines et à des restrictions de voyage sans précédent dans le monde en raison de la pandémie de Covid, était d’environ 5% par rapport à l’année précédente.
Mais en 2023, les mauvais élèves sont toujours les mêmes. 77% de la pollution carbone mondiale provenait des grandes économies du G20, hors Union africaine, selon ce rapport annuel. Trois pays ont produit environ la moitié des émissions mondiales l’année dernière : la Chine (30%), les États-Unis (11%) et l’Inde (8%). L’Union européenne en a produit 6%, selon les chiffres de l’ONU.
Toutefois, seuls les États-Unis et l’Union européenne ont vu leurs émissions diminuer l’année dernière par rapport à 2022 (respectivement de 1,4% et de 7,5%). À l’inverse, d’autres pays suivent une tendance totalement opposée, avec une augmentation de 5,2 % des émissions pour la Chine, 6,1% pour l’Inde.
Encore « techniquement » possible
Avec un tel constat, le PNUE demande que les 200 pays qui ont pris des engagements climatiques formels dans le cadre de l’Accord de Paris marquent un « bond en avant » en termes d’ambition.
Les feuilles de routes climatiques des états, connues sous le nom de « contributions déterminées au niveau national » (« NDC » en anglais), doivent être mises à jour et renforcées tous les cinq ans, avec une nouvelle série de promesses attendue en début d’année prochaine avant les négociations des Nations unies sur le climat au Brésil.
Mais même si tous les NDC existants étaient intégralement mis en œuvre, le monde serait toujours en passe de subir un réchauffement dévastateur de +2,6 °C d’ici à 2100. Et pour l’heure, l’action concrète est encore plus en retard. Car si les politiques actuelles sont maintenues, le réchauffement planétaire sera de l’ordre de +3,1 °C. Concrètement, le constat est peu encourageant. Pourtant, le PNUE estime qu’il est encore « techniquement » possible de rester sous 1,5 °C, mais que cela nécessite une « mobilisation internationale sans précédent ».
Pour cela, des pistes sont données, comme accélérer drastiquement le déploiement des énergies solaire et éolienne et prendre des mesures inédites de protection des forêts. Mais cela impliquerait aussi de « surmonter les immenses obstacles politiques, de gouvernance, institutionnels et techniques, ainsi qu’une augmentation sans précédent du soutien fourni aux pays en développement, et une refonte de l’architecture financière internationale ». Tout un programme…
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