Dépression, trouble bipolaire: fumer augmente le risque de maladie mentale

Selon une étude menée par des chercheurs danois, fumer augmente considérablement le risque de dépression.

Les scientifiques évoquent des pistes pour comprendre cette corrélation mais d'autres études sont nécessaires. (Getty Images) (Getty Images)

En 2022, la France comptait environ douze millions de fumeurs quotidien. Maladies cardiovasculaires, problèmes respiratoires, la liste des soucis de santé est longue et un cancer sur trois est lié au tabagisme. Pour se protéger, la seule solution efficace reste l'arrêt total et définitif du tabac rappelle Santé Publique France.

Cette nouvelle étude menée par l'Université d'Aarhus (Danemark) pourrait bien vous apporter une motivation supplémentaire pour écraser votre dernière cigarette. En effet, les chercheurs danois ont constaté que fumer pouvait augmenter le risque de développer une dépression de...plus de 100%.

"Les chiffres parlent d'eux-mêmes. Fumer provoque des maladies mentales. Même si ce n'est pas la seule cause, le tabagisme augmente de 250% le risque d'être hospitalisé pour une maladie mentale. Le tabagisme survient généralement bien avant la maladie mentale. En moyenne, les personnes de l'ensemble de données ont commencé à fumer à l'âge de 17 ans, alors qu'elles n'étaient généralement admises à l'hôpital pour un trouble mental qu'après l'âge de 17 ans", complète Doug Speed ​​du Centre de génétique quantitative et de génomique de l'Université d'Aarhus, dans un communiqué.

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L'impact des gènes

Pour parvenir à cette conclusion, les chercheurs ont analysé les données de 350 000 personnes. "Jusqu'à 90% des personnes de l'ensemble de données qui fumaient encore ou avaient fumé ont commencé avant l'âge de 20 ans. La probabilité que vous commenciez à fumer plus tard dans la vie est donc très faible. En fait, vos gènes aident à déterminer si vous deviendrez ou non fumeur", assure le scientifique. Avant de préciser : "Lorsque nous avons examiné les nombreux fumeurs présents dans la base de données, nous avons découvert un certain nombre de variantes génétiques récurrentes. En examinant des études sur des jumeaux, dans lesquels les jumeaux avaient les mêmes gènes mais ont grandi dans des maisons séparées, nous avons pu constater que leurs gènes pourraient expliquer 43 % du risque de devenir fumeur".

"Comme les variantes génétiques semblent également être liées au risque de maladie mentale, cela était auparavant un peu flou. Mais dans cette étude, nous démontrons qu'il est probable que le risque de commencer à fumer entraîne un risque de développer des troubles mentaux, augmentation due aux gènes liés au tabagisme", explique l'auteur de l'étude.

Les scientifiques évoquent des pistes pour comprendre cette corrélation. "Une théorie est que la nicotine inhibe l'absorption du neurotransmetteur sérotonine dans le cerveau, et nous savons que les personnes souffrant de dépression ne produisent pas suffisamment de sérotonine. (...) Une autre explication pourrait être que le tabagisme provoque une inflammation du cerveau, ce qui, à long terme, peut endommager certaines parties du cerveau et entraîner divers troubles mentaux". D'autres études doivent permettre d'identifier précisément le mécanisme biologique qui lie le tabagisme aux troubles mentaux.

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