Delphine Minoui, romancière: en Iran, «"Badjens", c'est le cri de la génération Z»

C'est un des incontournables de la rentrée littéraire 2024. Badjens est un récit d’apprentissage ayant pour cadre la révolte des femmes iraniennes contre le port du voile et le patriarcat. Entretien avec son auteure, Delphine Minoui.

Automne 2022, à Chiraz. Les rues s’enflamment pour protester contre la mort tragique de Mahsa Amini. Parmi les manifestantes dans les rues de cette capitale de la poésie et des roses, une adolescente rebelle. Elle se faufile entre flash-backs et flash-balls, au cri de « Femme, vie, liberté ». Tel est le décor du nouveau roman de Delphine Minoui*.

RFI : Que signifie « Badjens » ? C’est un nom ?

Delphine Minoui : Plutôt, un surnom. « Badjens », en fait, ça veut dire mauvais genre. Du point de vue du pouvoir iranien, les ayatollahs, le mauvais genre, c’est forcément les femmes. Elles sont le sexe faible, le sexe raté. Il se trouve qu’en Iran, les filles entre elles se réapproprient ce terme et se taquinent en s’apostrophant mutuellement par ce surnom. C’est une forme de transgression. Ce n’est pas rare d’entendre les jeunes filles se traiter entre elles de « espèce de Badjens », équivalent de « t'es culottée ! », « t'es effrontée ! »

C’est la vie de cette génération Z que vous avez voulu raconter dans ce nouveau roman ?

Une image devenue virale. D’ailleurs, vous ouvrez votre roman sur la scène où on voit la jeune Zahra allumer le briquet et mettre le feu à son foulard. Peut-on dire que cette image a ouvert les vannes de votre imagination ?


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