“Deepfake”, “cheapfake” : l’IA au service de la campagne présidentielle argentine
La scène est chaotique, le centre de Buenos Aires, en feu et pris par les barricades. Des silhouettes aux airs de super-héros apparaissent entrecoupées de messages comme des flashs : “Nous devons nous unir”, “Il faut se battre”, “La démocratie est en danger”.
La musique d’apocalypse est tonitruante et un tyrannosaure fait même une apparition. “On pourrait croire à une bande-annonce de film à suspense”, décrit le quotidien Ámbito Financiero. Mais cette vidéo devenue rapidement virale sur les réseaux sociaux est un spot de campagne pour l’actuel ministre de l’Économie et candidat à la présidentielle, Sergio Massa, et elle met en scène les principales figures de la politique argentine. Elle a été intégralement créée grâce à l’intelligence artificielle.
Son compétiteur, l’anarcho-capitaliste Javier Milei, n’a pas tardé à répondre en lançant de la même manière une série d’images représentant Sergio Massa en leader communiste chinois et lui-même en adorable lion.
— Javier Milei (@JMilei) October 25, 2023
Fausses déclarations
“Ces contenus sont bon marché à produire et apportent de l’originalité à la campagne électorale, qui, d’ordinaire, en manque. C’est une bouffée d’air frais”, analyse la spécialiste en politique et en technologie Natalia Zuazo, interviewée par le quotidien Perfil.
Mais l’usage ingénieux de cette nouvelle technologie, qui reproduit visages, corps, voix et paysages à l’identique et permet de les modifier à l’infini, n’a pas tardé à dévier vers de plus obscurs desseins. Une vidéo deepfake de Sergio Massa prenant de la cocaïne, de Milei détaillant son plan pour autoriser la vente d’enfants, des extraits de reportages modifiés ou encore de fausses déclarations supposément prêtées par des proches des candidats n’ont pas tardé à apparaître.
Selon un autre spécialiste de la désinformation et des discours antidémocratiques, le contenu qui circule en Argentine s’apparente plus à du cheapfake, c’est-à-dire à un produit créé avec des erreurs très visibles. Mais l’effet produit n’en est pas moins dangereux.
“C’est tout le problème de la désinformation, explique Natalia Zuazo au quotidien Perfil.
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