Dealers, ascenseurs en panne... Une habitante d'une tour délabrée d'Alençon décrit son quotidien avec son fils handicapé
"La situation est intenable, c’est monstrueux de vivre de cette façon", déplore Yamina. Cette mère vit au 11e étage d'une tour en très mauvais état dans le quartier populaire de Perseigne à Alençon (Orne), avec son fils Julien, 17 ans. "Il ne marche pas, il ne peut pas se tenir debout", explique-t-elle à Ouest-France.
La reporter du quotidien décrit un hall d'entrée où se côtoient les dealers, les canapés éventrés, les vitres brisées et les chariots de supermarché renversés, sans parler des détritus. Mais ce sont avant tout les ascenseurs qui rendent la vie infernale à Yamina.
"Une demi-heure pour arriver en bas"
"Il m’arrive de le descendre marche par marche, pour qu’il puisse aller à l’Institut médico-éducatif (IME) de Flers, où il est pris en charge. Je lui demande de se lever plus tôt, il nous faut une demi-heure pour arriver en bas", détaille-t-elle.
Elle raconte cette journée où l'ascenseur est tombé en panne alors que son fils devait revenir de l'IME et où elle a fini par demandeur leur aide aux dealers: "ils ont porté le fauteuil jusqu’au 11e, moi j’ai mis Julien sur mon dos". Le jour où Ouest-France se rend sur place, les ascenseurs du premier étage sont en panne depuis deux semaines. Il faut marcher jusqu'au premier pour espérer pouvoir en utiliser un.
Contactée par le journal, la direction d’Orne habitat explique qu'elle met "tout en œuvre, avec nos prestataires, pour effectuer les réparations au plus vite dans l’intérêt de nos locataires. Mais nous sommes aussi confrontés à des délais indépendants de notre volonté, lorsqu’il manque des pièces notamment".
Recherche d'un nouveau logement
Yamina est arrivée dans cette tour en 2016 suite à une situation d'urgence, au cour de laquelle elle a fui son compagnon qui lui a fait subir "onze années de violences conjugales". Elle se rappelle, à l'époque, avoir emménagé dans un bâtiment "propre" et où elle disait se sentir "en sécurité". Selon elle, la situation s'est dégradée à partir de 2019, lorsque les dealers se sont installés dans les parties communes. Ces derniers nient de leur côté être responsables des incivilités et des problèmes liés aux ascenseurs.
Yamina explique que son fils "n’a pas vraiment peur d’eux, en revanche, toute situation inhabituelle ou violente lui provoque des crises. Il se mord les mains jusqu’au sang, dans ces cas-là, c’est horrible, je suis complètement impuissante. À chaque émeute c’est l’horreur".
La locataire a demandé à son bailleur d'être relogée hors de son quartier et multiplie les visites pour des logements. Malheureusement, ces visites sont jusqu'ici infructueues, les solutions proposées n'étant souvent "pas adaptées pour Julien".