Dawson : notre déclaration d'amour à la série qui fête ses 20 ans !

Chère Dawson,

Il y a 20 ans – le 20 janvier 1998 pour être précis – tu débutais sur la chaîne américaine The WB et tu t’apprêtais à marquer l’histoire des séries ados… et des séries tout court. Et accessoirement à changer ma vie, lors de ton arrivée un an plus tard en France sur TF1. Alors évidemment, il n’en fallait pas plus pour que je t’écrive cette lettre, afin de célébrer comme il se doit ce vingtième anniversaire, et te dire à quel point tu as compté pour moi et à quel point tu étais, et reste, un petit bijou de télévision. Certains diraient que je m’emballe, mais qu’importe. Après tout, c’est ça l’amour. L’amour véritable. Et question amour véritable, avec le triangle Dawson-Joey-Pacey, tu en connais un rayon !

J’avais dix ans lorsque tu es entrée dans ma vie par hasard, par le biais d’une bande-annonce aperçue d’un coin de l’œil sur TF1 et d’un bout d’article faisant la promotion de ton arrivée en France dans Télé 7 Jours. Et soyons honnête, même si je n’avais jamais entendu parler de toi avant cela, c’était gagné dès le départ entre toi et moi. Après tout, je ne jurais que par Beverly Hills et Hartley, cœurs à vif à l’époque, et en plus d’être un teen drama de plus à me mettre sous la dent, tu avais l’audace de raconter le quotidien d’un adolescent rêvant de cinéma dans une petite ville. Donc forcément, ça parlait au pré-ado que j’étais et qui n’avait qu’une envie : croire en ses rêves pour sortir un jour du fin fond de sa campagne.

J’ai ensuite découvert que tu n’étais autre que la première création pour la télévision de Kevin Williamson, le scénariste de Scream et Scream 2 – des films que, rétrospectivement, j’ai sûrement vu bien trop jeune, mais bon, je n’ai pas tourné serial killer et je ne tue pas des chatons donc je m’en sors bien. Kevin Williamson est alors devenu mon idole, mon modèle, que j’ai suivi dans le meilleur comme le pire (oui oui, The Secret Circle et Stalker, je pense à vous…), et toi, Dawson, tu es devenue, au fil des épisodes et des tourments amoureux de Joey Potter, l’œuvre sérielle la plus importante de ma vie.


La plus belle, la plus intense, avec laquelle j’ai grandi et que j’ai suivi de la plus assidue des manières, comme aucune autre série durant mon enfance ou mon adolescence. Tu m’as emmené dans ta crique, Dawson, et c’est là, entre la maison des Leery, la barque de Joey, et le lycée de Capeside que j’ai vécu mes plus belles émotions de téléspectateur et mes plus beaux moments de télévision. Des moments que je n’oublierai jamais, à l’image du premier baiser entre Joey et Pacey, à la fin de l’épisode 17 de la saison 3. Best moment… EVER !

Évidemment, je ne suis pas aveuglé par l’amour et je sais reconnaître que tout n’a pas été parfait tout au long de tes 6 saisons et 128 épisodes. Tu m’as déçu parfois, comme lorsque tu as introduit cette insupportable Eve au début de ta saison 3, ou que tu nous a imposé cette inutile histoire de tricherie impliquant Andie. Et je ne parle même pas de tes saisons 5 et 6 globalement assez peu mémorables. Ou du fait que tu as peu à peu transformé Dawson en un monstre d’égoïsme sans nom (il l’a peut-être même certainement toujours été, mais au début, je ne le voyais pas, car j’avais l’impression que Dawson Leery c’était moi…). Mais aucune histoire d’amour n’est parfaite, et la nôtre ne fait donc pas exception. Et surtout, je préfère me souvenir du meilleur.

Comme le fait qu’après nous avoir fait rêver durant tes deux premières saisons au rythme des "Je t’aime, moi non plus" de Dawson et Joey, tu as su te réinventer en saison 3 – passés les quelques faux-pas cités plus haut – en poussant petit à petit Joey dans les bras de Pacey. Ce qui a évidemment donné lieu à cette histoire d’amour épique qui, pour moi, est ta plus belle réussite. Je parle probablement au nom de tous les membres de la Team Pacey en disant qu’on a tous rêvé d’avoir un Pacey dans notre vie. Ce petit-ami "presque" parfait, un peu trop victime de son syndrome du héros dans ses relations amoureuses, mais si attachant et si cute. Et puis mince quoi, il a offert un MUR à Joey ! UN MUR !!! Qui peut se targuer d’avoir fait mieux que ça niveau cadeau et preuve d’amour ? Personne, évidemment. Alors oui, je vous vois venir, pour certains Pacey a volé Joey à son meilleur ami. Mais on sait tous qu’en analysant les faits ce n’est pas vrai (Joey n'était pas la chose de Dawson après tout), et de toute façon Dawson n’avait qu’à être moins insupportable !


Mais au-delà de cette histoire d’amour inoubliable qui a triomphé de tout (désolé pour les quelques membres de la Team Dawson… mais de toute façon vous devriez avoir honte), tu as également su aborder des sujets importants, comme le deuil (lors de la mort du père de Dawson, ou encore après le décès d’Abby), la maladie mentale, et bien sûr… l’homosexualité chez les adolescents. À travers le coming-out forcé de Jack en saison 2, tu nous a offert ton intrigue la plus juste et la plus sensible, qui m’a touché en plein cœur et qui, au fond, me parlait bien plus que je ne pouvais le réaliser à l’époque. Et tu as imposé Jack McPhee comme l’un des personnages les mieux dessinés de la série, passé du statut de jeune ado mal dans sa peau, qui ne parvenait pas à s’assumer, assommé par l’ombre constante d’un père incapable de l’accepter tel qu’il était, à celui de star de l’équipe de football du lycée, qui a peu à peu réussi à tracer son chemin (avec l’aide non négligeable de Jen, sa meilleure amie et confidente) et à ne plus vivre son homosexualité comme un fardeau. Allant jusqu’à permettre à la chaîne The WB d’être la première à mettre en scène un baiser gay en prime sur un grand network !

Si 20 ans plus tard, et près de 15 ans après la diffusion de ton dernier épisode, je t’aime toujours autant, c’est donc pour tes quatre premières saisons quasi parfaites, pour Joey et Pacey, pour le magnifique portrait d’ado gay que tu as peint avec Jack, mais aussi pour tout un tas d’autres raisons qui seraient bien trop longues à énoncer ici. Je tiens juste à te dire qu’à mes yeux tu as su partir sur une note de perfection, avec un final qui, en mettant en scène la mort de Jen, a su créer un effet cathartique sur Dawson, Joey, et Pacey et les a amené à s’avouer ce qu’ils voulaient vraiment et à poursuivre leurs rêves. Comme elle est entrée dans leur vie à l’âge de 15 et les a éveillé à tout un tas de choses, dont leur sexualité, Jen en est ressortie et a propulsé ses 3 amis dans un nouveau chapitre de leur vie. Dans lequel Dawson réalisait son rêve de rencontrer Spielberg, et dans lequel Joey et Pacey finissaient par s’avouer leur amour et par vivre, on l’espère, heureux à tout jamais.

Aujourd’hui, alors qu’on célèbre tes 20 ans et que j’espère que tu ne connaîtras jamais de suite ou de reboot (car certaines histoires ne doivent jamais être réécrites), sache que grâce à toi, Dawson (que j’ai longtemps espéré voir rebaptisée Joey’s Creek ou Joey’s Pond, mais en vain), j’ai probablement appris à aimer, à m’assumer, et à croire en mes rêves. Tu m’as fait tomber passionnément amoureux des séries, à tel point qu’aujourd’hui j’écris sur elles et je peux ainsi t’adresser publiquement cette déclaration. Tu as changé ma vie et sans toi je ne serais pas là où je suis, et je ne serais pas qui je suis.

Tu n’es peut-être pas ce qui s’est fait de mieux à la télévision mais à mes yeux, tu vaux tous les The Wire et tous les Breaking Bad du monde. Et alors que je m’apprête à débuter mon huitième rewatch de tes 128 épisodes, sache que ma plus belle histoire d’amour, c’est toi…

Joyeux anniversaire,

Jérémie

P.S. : Ah oui, j'oubliais, ton générique était PARFAIT :