David Cameron promet "le meilleur des deux mondes"

par Elizabeth Piper LONDRES (Reuters) - Le Premier ministre britannique David Cameron a été interpellé mercredi par plusieurs membres du groupe conservateur à la Chambre des Communes, au lendemain de la publication des projets de réformes de l'Union européenne destinées à assurer le maintien du Royaume-Uni au sein du bloc. "Pourquoi mon honorable ami de droite a-t-il renoncé à tant de promesses et de principes pour rester à l'intérieur" de l'UE l'a interrogé Bill Cash. "Mon honorable ami de droite a une quinzaine de jours pour sauver sa réputation de négociateur", a quant à lui déclaré Jacob Rees-Mogg, évoquant le Conseil européen des 18 et 19 février au cours duquel les réformes doivent être entérinées. Les mesures proposées mardi par Donald Tusk, leur a répondu David Cameron, vont permettre à la Grande-Bretagne de profiter "réellement du meilleur des deux mondes". Il devra également convaincre les membres de son gouvernement, dont certains n'excluent pas de faire campagne pour le "non". Selon Liam Fox, ancien secrétaire à la Défense et eurosceptique influent à Westminster, cinq sont prêts à le faire. David Cameron a promis de laisser ses ministres mener campagne comme ils l'entendent une fois qu'un accord aura été conclu avec Bruxelles. D'autres personnalités du Parti conservateur, à commencer par le maire de Londres, ont eux aussi fait part de leurs doutes. "Beaucoup vont penser qu'il reste encore beaucoup à faire", a dit Boris Johnson. "TAS DE FUMIER NAUSÉABOND" Une partie de la presse britannique accuse même le Premier ministre d'être à la solde Bruxelles. Le Sun, quotidien le plus vendu en Grande-Bretagne, qualifie l'accord soutenu par le dirigeant conservateur de "tas de fumier nauséabond", tandis que d'autres évoquent une "mascarade", "une farce", ou encore "un délire". Le pré-accord présenté mardi par le président du Conseil européen Donald Tusk prévoit notamment que Londres pourra suspendre le versement de prestations sociales aux ressortissants de l'UE arrivés depuis peu dans le Royaume-Uni pour y travailler. Le Royaume-Uni disposerait également au côté d'autres pays d'un nouveau mécanisme permettant à un groupe équivalant à au moins 55% des Etats membres de faire obstacle ou de demander des amendements à de nouvelles législations européennes et Londres ne serait pas tenu de renforcer son intégration au sein de l'Union européenne. Si l'accord est entériné par les 27 autres membres de l'UE lors du prochain Conseil européen, Cameron a promis de faire campagne en faveur du "oui" lors d'un référendum sur le maintien au sein de l'UE qui pourrait se tenir dès juin, ajoutant que les nouvelles conditions étaient "si bonnes" qu'il militerait pour rejoindre l'UE si le pays n'en était pas déjà membre. Une grande partie de la presse, à droite, lui reproche d'avoir lâché prise sur deux des questions les plus importantes aux yeux des électeurs: l'immigration et le retour de certains pouvoirs transférés à l'UE. "L'accord de Bruxelles ne fait rien pour arrêter les migrants, ni pour regagner des pouvoirs pour la Grande-Bretagne", écrit le Sun, détenu par le magnat de la presse Rupert Murdoch, tandis que le Daily Mail, proche des conservateurs, accuse Cameron d'être un illusionniste qui "vend les intérêts du pays". L'accueil est bien plus favorable dans les capitales européennes, notamment à Bruxelles où le président de la Commission européenne a estimé qu'il s'agissait d'un accord juste pour toutes les parties impliquées. "J'ai toujours dit que je souhaitais que le Royaume-Uni reste membre de l'Union européenne sur la base d'un accord équitable. Ce qui a été proposé est juste pour le Royaume-Uni et juste pour les 27 autres Etats membres", a déclaré Jean-Claude Juncker. La France a quant à elle fait du respect des traités européens et de la non interférence de la Grande-Bretagne dans la zone euro ses lignes rouges dans les discussions avec Londres. (Julie Carriat, Nicolas Delame et Jean-Philippe Lefief pour le service français)