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David Cameron invite l'UE à faire preuve d'imagination

PARIS (Reuters) - Le Premier ministre britannique, David Cameron, a jugé jeudi que les relations de son pays avec l'Union européenne n'étaient pas assez bonnes et invité ses homologues européens à être "imaginatifs" pour mettre en oeuvre la réforme de l'UE qu'il appelle de ses voeux avant un référendum sur le maintien du Royaume-Uni dans l'UE d'ici fin 2017. S'exprimant après une rencontre avec François Hollande à Paris au premier jour d'une tournée européenne pour tenter de convaincre ses partenaires du bien-fondé de sa position, David Cameron a expliqué qu'il avait reçu pour mandat de répondre aux inquiétudes des électeurs britanniques vis-à-vis de l'UE. "Ma priorité est de réformer l'Union européenne pour la rendre plus compétitive et répondre aux inquiétudes de la population britannique en ce qui concerne notre adhésion", a-t-il dit aux côtés du président français en expliquant que le statu quo n'était pas une option. "Ce qui importe, c'est que l'Union européenne et ses 28 membres soient assez souples et imaginatifs pour répondre à ces enjeux". Auparavant, David Cameron avait rencontré son homologue néerlandais, Mark Rutte, à La Haye. Il est attendu à Varsovie et Berlin vendredi pour des entretiens avec ses homologues polonaise, Ewa Kopacz, et allemande, Angela Merkel. Fort de sa victoire aux élections législatives britanniques du 7 mai, il réclame notamment une modification des règles sur les prestations sociales, pour endiguer ce qu'il qualifie de "tourisme social" au Royaume-Uni. A Paris, le Premier ministre britannique a toutefois pris soin de ne pas réitérer devant le chef de l'Etat français sa demande d'une révision des traités, une ligne rouge à Paris comme à Berlin. PRAGMATIQUE François Hollande n'a pas non plus évoqué cette question. Soulignant que la France souhaitait que le Royaume-Uni reste dans l'UE, il s'est montré disposé à négocier de façon pragmatique avec Londres. "David Cameron présentera ses propositions, nous les discuterons et nous verrons comment nous pouvons avancer pour que le peuple britannique puisse être consulté sur une base qui lui permette de faire le choix qui lui correspond", a-t-il dit. Auparavant, le secrétaire au Foreign Office, Philip Hammond, avait estimé que l'UE devait réformer ses traités fondateurs pour prendre en compte la volonté de réformes de Londres et convaincre les électeurs britanniques de ne pas quitter le bloc. "Si nos partenaires ne sont pas d'accord avec nous, ne travaillent pas avec nous pour élaborer ce plan (de réformes), alors nous ne pouvons rien exclure", a-t-il déclaré à la BBC. Son homologue français, Laurent Fabius, a jugé dangereuse la volonté d'organiser un référendum sur l'appartenance de la Grande-Bretagne au bloc communautaire. "Evidemment, la population britannique qui a été habituée à ce qu'on lui dise 'l'Europe c'est une mauvaise chose, l'Europe c'est une mauvaise chose', le jour où elle va être consultée, il y a un risque qu'elle dise : 'vous nous l'avez dit, l'Europe c'est une mauvaise chose", a déclaré le chef de la diplomatie française sur France Inter. "S'il s'agit de démembrer l'Union européenne, ce ne sera pas possible et là-dessus, nous avons l'intention de consulter étroitement avec nos amis allemands, de travailler avec la Commission, avec les autres. Si ça peut être un progrès, pourquoi pas, mais si c'est pour un démembrement, non." Selon un document que Reuters a pu consulter, Paris et Berlin semblent vouloir allumer un contre-feu en élaborant un projet visant à renforcer la coopération entre les 19 pays de la zone euro sans toucher aux traités existants. (Andrew Osborn et Ingrid Melander, avec John Irish et Julien Ponthus, William James et Michael Holden à Londres, Nicolas Delame et Danielle Rouquié pour le service français)