Pas d'attrait pour le risque, les craintes sur le coronavirus l'emportent

LES BOURSES EUROPÉENNES TERMINENT LA SÉANCE SUR UNE NOTE NÉGATIVE

par Laetitia Volga

PARIS (Reuters) - Les Bourses européennes ont terminé la séance de mardi sur une note négative mais loin de leur plus bas du jour, pénalisées par les inquiétudes concernant les retombées économiques de l'épidémie en Chine.

À Paris, le CAC 40 a terminé en repli de 0,54% à 6.045,99 points. L'indice parisien a cédé jusqu'à 1,4% en séance.

Le Footsie britannique a perdu 0,53% et le Dax allemand a terminé quasiment à l'équilibre (+0,05%).

L'indice EuroStoxx 50 a reculé de 0,26%, le FTSEurofirst 300 de 0,21% et le Stoxx 600 de 0,14%.

L'épidémie de coronavirus apparue à Wuhan, dans le centre de la Chine, a fait six morts, a annoncé mercredi le maire de la ville.

A l'échelle nationale, 291 personnes ont été contaminées par ce virus qui appartient à la même famille que le Sras (syndrome respiratoire aigu sévère) à l'origine d'une épidémie mortelle en 2002-2003. Une réunion d'urgence se tiendra mercredi au siège de l'Organisation mondiale de la santé pour déterminer si l'épidémie constitue une urgence internationale de santé publique.

"Cette épidémie peut provoquer un impact majeur sur la demande, particulièrement en ce qui concerne les services, comme le voyage", a déclaré Stephen Innes, chargé de stratégie marchés chez AxiCorp.

"Elle a lieu dans un climat où l'économie mondiale est déjà ralentie par la guerre commerciale, raison pour laquelle la réaction des investisseurs est peut-être exacerbée", a-t-il ajouté.

L'agence de notation Moody's a par ailleurs abaissé lundi la note souveraine de Hong Kong à AA3 contre AA2, critiquant la gestion par l'exécutif local du mouvement de contestation.

VALEURS

Les valeurs du luxe, particulièrement dépendantes de la croissance en Chine et à Hong Kong, ont été nettement pénalisées: Kering, LVMH et Hermès ont perdu entre 2,07% et 1,09%, parmi les plus fortes baisses du CAC 40.

Les compagnies aériennes ont également fait les frais des inquiétudes sur la propagation du coronavirus, qui semble pouvoir se transmettre entre humains ce qui pourrait limiter les déplacements en Asie à quelques jours du Nouvel An chinois. Lufthansa a reculé de 3,38% et IAG, propriétaire de British Airways, de 2,95%. A Paris, Air France-KLM a cédé 2,61%.

En dehors de l'actualité liée au virus chinois, la banque suisse UBS a cédé 4,53%, sa plus importante baisse en pourcentage depuis mai, après avoir abaissé ses objectifs de rentabilité.

Hugo Boss a gagné 6,8%, le groupe de mode allemand ayant dégagé une croissance de chiffre d'affaires supérieure aux attentes au quatrième trimestre.

A WALL STREET

Après un week-end de trois jours pour le Martin Luther King Day, Wall Street paraît hésiter sur la réaction à adopter face aux craintes liées au virus chinois.

Le Dow Jones perdait 0,07%, le Standard & Poor's 500 reculait de 0,06% et le Nasdaq Composite prenait 0,06%.

"L'épidémie en Chine semble être un facteur négatif. Mais il s'agit plus d'un sentiment mondial (...), l'épidémie n'a pas un si grand impact que cela sur l'économie américaine", a commenté Scott Brown chez Raymond James.

En Bourse, les compagnies aériennes sont délaissées comme en Europe: Delta Airlines, United Airlines et American Airlines perdaient entre 3,76% et 3,36%.

Les valeurs américaines exposées à la Chine reculent également comme celles du secteur des casinos où Las Vegas Sands perd 3,94 et du luxe où Tapestry, propriétaire de la marque Kate Spade, cède 1,21%.

TAUX

La défiance pour le risque profite au marché obligataire américain où le rendement des Treasuries à 10 ans cède six points de base à 1,7795%, un creux de deux semaines.

En Europe, le rendement du Bund à 10 ans, référence pour la zone euro, a fini la séance à un plus bas depuis le 8 janvier à -0,250%.

"La crainte du marché est qu'il puisse s'agir d'une épidémie de type Sras, qui a posé un vrai problème économique. La réaction du marché reste toutefois prudente, il n'y a pas de panique", a déclaré Ellis Phifer, chargé de stratégie chez Raymond James.

CHANGES

Le yuan chinois atteint un plus bas d'une semaine sur le marché offshore à 6,9054 pour un dollar (-0,57%). Le yen, lui, joue son rôle de valeur refuge et avance de 0,22% contre le dollar.

De son côté, la livre sterling gagne près de 0,3% face au dollar et à l'euro,, l'emploi au Royaume-Uni ayant enregistré sur les trois mois à fin novembre sa plus forte croissance depuis près d'un an, ce qui pourrait apaiser les craintes d'un ralentissement marqué de l'économie et d'un assouplissement de la politique monétaire de la Banque d'Angleterre.

INDICATEUR DU JOUR

Le moral des investisseurs en Allemagne s'est amélioré bien plus qu'attendu depuis le début du mois, remontant à un plus haut depuis juillet 2015, montre l'enquête de l'institut d'études économiques ZEW, qui souligne l'impact bénéfique du compromis commercial entre les Etats-Unis et la Chine.

PÉTROLE

Les cours pétroliers repartent à la baisse, les acteurs du marché semblant moins inquiets des perturbations d'approvisionnement au Moyen-Orient en raison de la forte augmentation de la production américaine.

Le Brent abandonne 0,78% sous les 65 dollars le baril et le brut léger américain (West Texas Intermediate, WTI) recule de 0,43% à 58,29 dollars.

(Laetitia Volga)