Darmanin demande aux préfets d’interdire les manifestations d’ultra-droite

Darmanin demande aux prefets d’interdire les manifestations d’ultra droite
Darmanin demande aux prefets d’interdire les manifestations d’ultra droite

POLITIQUE - Changement de pied. Le ministre de l’Intérieur indique ce mardi 9 mai avoir demandé aux préfets d’interdire toutes les manifestations de l’ultra droite, deux jours après la polémique suscitée par celle du Comité du 9-mai, à Paris.

Jusqu’à présent, le gouvernement défendait le choix du préfet de police de Paris, Laurent Nunez, de ne pas avoir interdit ce rassemblement, à l’heure où de nombreuses préfectures sont promptes à proscrire les « dispositifs sonores portatifs » en marge des déplacements de ministres.

« Vu en effet ce que nous avons vu dans les rues de la capitale », « j’ai donné comme instruction aux préfets » lorsque « tout militant d’ultradroite ou d’extrême droite ou toute association ou collectif, à Paris comme partout sur le territoire, déposera des (déclarations de) manifestations (semblables à celle de samedi à Paris) » qu’ils prennent « des arrêtés d’interdiction », a ainsi lancé Gérald Darmanin, comme vous pouvez le voir ci-dessous, avant d’ajouter : « nous laisserons les tribunaux juger de savoir si la jurisprudence permet de tenir ces manifestations. »

Samedi, près de 600 militants du comité du 9-Mai, selon les autorités, ont manifesté dans les rues de la capitale pour célébrer le 29e anniversaire de la mort d’un militant d’extrême droite, Sébastien Deyzieu, décédé accidentellement en 1994. Depuis, les images de ces manifestants, habillés de noir et souvent masqués, exhibant des drapeaux noirs marqués de la croix celtique et scandé, suscitent l’émoi de la classe politique.

« Entendez-vous le vol noir des corbeaux sur nos plaines ? »

Dans l’hémicycle, c’est la députée écologiste Francesca Pasquini qui s’est fait le relais de cette émotion. « Entendez-vous le vol noir des corbeaux sur nos plaines ? », a-t-elle notamment demandé au gouvernement, en reprenant les paroles du chant des Partisans, l’hymne de la résistance française durant l’occupation par les nazis.

Et d’ajouter : « Ce n’est pas parce que l’ennemi est silencieux et marche au pas sans déborder, qu’il n’est pas dangereux. (...) Vous préférez vous en prendre à ceux qui battent le pavé à visage découvert pour défendre leurs droits à la retraite plutôt qu’à des néonazis. »

En réponse, Gérald Darmanin a d’abord justifié le choix de Laurent Nunez de ne pas interdire le rassemblement en se reposant sur les décisions judiciaires passées et sur la difficulté de proscrire ce genre de défilé. Comme Laurent Nuñez sur BFMTV ou Gabriel Attal sur France Inter l’avaient fait avant lui.

« Je voudrais vous dire que cette manifestation n’a pas été déposée par un collectif, mais par un individu. Cette personne, comme individu isolé », a-t-il ainsi expliqué aux parlementaires, tout en estimant que le rassemblement « ne présentait pas a priori des difficultés qui nous permettaient de l’interdire », étant donné que le tribunal administratif de Paris avait déjà annulé un arrêté en ce sens en « janvier dernier. »

Un peu plus tôt dans la journée, la Première ministre Élisabeth Borne s’était dite « choquée » par les images de la manifestation parisienne de samedi, tout en rappelant, elle aussi, qu’il n’y avait « pas de motif pour (l’) interdire ». Lundi soir, deux jours après le cortège, le préfet de police, Laurent Nuñez, annonçait avoir saisi la procureure de Paris des faits de dissimulation des visages de la part des manifestants, ce qui constitue une infraction.

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