Dantec, la dernière apocalypse

En 2005 à Montréal.

Auteur à succès de cyberpolars vénéneux et de romans philosophiques dérangeants, phénomène littéraire des années 90 au culte assombri par un flirt avec l’extrême droite, ce provocateur halluciné est mort samedi à 57 ans.

C’était l’année 2000. Le festival de Saint-Malo, Etonnants Voyageurs, célébrait les utopies et avait invité Maurice G. Dantec qui traînait une aura et une dégaine de rock star, look brun vénéneux, lunettes noires, clope et voix crépusculaire. En trois titres inclassables, dont les fans débattaient pour se disputer les check-points de frontières entre polar et SF, il était devenu culte. «Un Ovni», disait-on de lui, et pour se raccrocher aux branches, on rajoutait que le lecteur déboussolé pourrait toujours tenter de chercher dans ses romans les images rassurantes de Dashiell Hammett, William S. Burroughs, Kant ou Chuck Berry. «Il fait feu de tout bois. Il s’y brûlera peut-être les doigts», prophétisait Etonnants Voyageurs en 2000. En attendant, Maurice Dantec n’apparaissait pas. Très en retard au rendez-vous. L’imprévisible auteur avait, semble-t-il, décidé de bouder le train pour venir en voiture solo. Une vague histoire d’horaire qui ne convenait pas, voire une histoire de stress presque misanthropique. Ce n’était pas très clair. Arrive enfin l’olibrius sur zone, tout sourire, la silhouette mince, la boule à zéro. Chaleureusement, il propose de partager son «tarpé».

En revanche, pas question de parler de Babylon Babies, son dernier roman logorrhéique, halluciné et science-fictif indubitablement. Mais plutôt de ce qui lui tient à cœur en cette mi-année 2000 : l’incroyable trésor que représente Internet, et pas pour la richesse touristique du surf, mais pour la société elle-même qui s’y miroite, en particulier les extrémismes que Dantec pistait la nuit. Avec un pointillisme délirant. Parano ou obsessionnel, le romancier avait laissé la place au chroniqueur acerbe, échauffé et érudit du Théâtre des opérations, se la flambant dans la blanche de (...) Lire la suite sur Liberation.fr

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