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Danone veut mieux se connecter aux nouveaux consommateurs

par Pascale Denis et Dominique Vidalon

PARIS (Reuters) - Danone, qui doit répondre à la demande de nouveaux consommateurs soucieux d'environnement, de bien-être, de bio ou de traçabilité, veut jouer un rôle central dans la "révolution alimentaire" en cours et le faire savoir.

Face à la concurrence des petites marques et à l'érosion de la confiance des consommateurs vis-à-vis des grandes, ces dernières "doivent formuler leurs intentions", a déclaré à Reuters le directeur général du groupe agroalimentaire.

Aussi, Danone a-t-il dévoilé jeudi, à l'occasion d'un forum sur la consommation organisé à Berlin, une nouvelle signature, "One planet. One health", qui viendra compléter son logo.

"En faisant cela, Danone fait une déclaration solennelle, celle de protéger et nourrir à la fois la planète et la santé", a ajouté Emmanuel Faber.

Le système agroalimentaire arrive, selon lui, à ses limites - obésité, malnutrition, gaspillage, changement climatique - et Danone doit s'adapter aux nouveaux besoins des consommateurs.

Ce besoin de prise de contrôle de leur alimentation par les consommateurs se traduit aussi par une pression à court terme sur la performance de certaines grandes entreprises, a-t-il reconnu.

Dans ce contexte, le groupe a bouclé en avril l'acquisition de l'américain White Wave, spécialiste du bio, pour 12,5 milliards de dollars (11,7 milliards d'euros), réalisant sa plus grosse acquisition depuis 2007 pour doubler de taille aux Etats-Unis et devenir le leader mondial du marché très dynamique des produits biologiques.

Cette opération doit aussi lui permettre de doper sa croissance, alors que sa valorisation - inférieure à celle de son concurrent Nestlé - le rend vulnérable à une OPA, selon certains analystes.

UNE STRATÉGIE "CRÉATRICE DE VALEUR"

Interrogé sur une telle éventualité, Emmanuel Faber a estimé que Danone n'était "ni plus ni moins (vulnérable) que d'habitude".

Emmanuel Faber a également estimé que Danone ne devait pas s'interdire de se transformer et se contenter de réduire ses coûts pour retourner du cash aux actionnaires.

"Ce qui est important, c'est l'agenda et la façon dont on le déploie".

Le groupe, qui a vu sa croissance ralentir en 2016, a lancé un plan d'économies d'un milliard d'euros d'ici à 2020, dicté par ses difficultés dans les produits laitiers en Europe de l'Ouest ainsi que dans l'eau et la nutrition infantile en Chine.

Il anticipe une croissance modérée de son chiffre d'affaires en 2017 et une progression à deux chiffres de son bénéfice net par action courant à taux de change constant.

Pour les analystes de Berenberg, "les investisseurs auront besoin de nouveaux éléments positifs sur la croissance organique et les marges avant d'être d'accord avec le directeur général pour qui le groupe est idéalement placé pour aborder la révolution alimentaire".

Emmanuel Faber s'est dit "absolument persuadé" que la stratégie suivie était "créatrice de valeur pour le long terme mais aussi pour le court terme", précisant que la croissance du groupe allait s'améliorer "dès le troisième trimestre".

Danone a demandé à obtenir la certification "B-Corp", label international de responsabilité sociale et environnementale.

En cas de feu vert, le français serait la première multinationale à obtenir cette certification très porteuse auprès des consommateurs.

(Pascale Denis, édité par Jean-Michel Bélot)