Le danger sous-estimé, et potentiellement mortel, de l'intoxication au plomb
Les conséquences de l’intoxication au plomb sur la santé seraient largement sous-estimées, selon une nouvelle étude scientifique publiée ce mardi. Son rôle dans les maladies cardiovasculaires serait même supérieur à celui du tabagisme ou du cholestérol.
C’est un fléau dont on parle peu et pourtant, il continue de faire des milliers de victimes chaque année. Selon une étude publiée dans la revue “Lancet Planetary Health” et pilotée par deux économistes de la Banque mondiale, l’intoxication au plomb ou "saturnisme" aurait été en 2019 à l'origine de 5,5 millions de décès par maladies cardiovasculaires dans le monde, un niveau six fois plus élevé que les estimations en vigueur. Jusqu’à présent, elles tablaient sur 850 000 morts.
Il s’agirait donc d’un réel risque pour la santé à l'échelle mondiale et ce, malgré une baisse substantielle des taux de plomb dans le sang suite à l'élimination progressive de l'essence au plomb. Cela aurait également des conséquences néfastes sur les capacités cognitives des enfants de moins de cinq ans, en particulier dans les pays en voie de développement. Elle entraînerait une baisse de leur quotient intellectuel.
Pour parvenir à ces conclusions, les auteurs de l’étude ont passé au crible les données de milliers de personnes provenant de 183 pays. À partir de tests sanguins, ils ont évalué leur niveau d’intoxication au plomb avant de croiser ces données avec les différentes conséquences attendues de ce fléau. Et les conclusions ont de quoi faire froid dans le dos. Concrètement, l’intoxication au plomb, qui représenterait un problème aussi lourd que la pollution aérienne, serait à l’origine de 30% des décès par maladies cardiovasculaires, un taux bien supérieur à celui du tabagisme ou du cholestérol.
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Des résultats à prendre avec des pincettes
Au niveau économique, l’intoxication au plomb serait également destructrice. Toujours selon les données de l’étude, son coût aurait atteint les 6 000 milliards de dollars pour la seule année 2019, soit 6,9% du PIB mondial de cette année-là. Au total, 77% du coût correspondait au coût social de la mortalité par maladie cardiovasculaire, et 23% correspondait à la valeur des pertes de revenus futures dues à la perte de QI. À noter toutefois que tous ces résultats sont à prendre avec des pincettes. Certains chercheurs jugent contestables certains choix de méthodologie.
Comme le rappelle l’Organisation mondiale de la santé sur son site Internet, l’exposition au plomb peut avoir une incidence sur plusieurs systèmes de l’organisme. Elle est particulièrement nocive pour les jeunes enfants et les femmes en âge de procréer. Le plomb se diffuse dans l’organisme vers le cerveau, le foie, les reins et les os. Il est stocké dans les dents et les os, où il peut s’accumuler au fil du temps.
À noter que les sources d’exposition au plomb sont multiples. On en trouve dans les aliments, le sol, la poussière, l’eau, la peinture, les jouets, les cosmétiques, les déchets électroniques ou encore les engrais. Mais que les plus angoissés se rassurent, il est possible de prévenir la contamination par le plomb grâce à des mesures d'hygiène à son domicile, dans ses activités de loisir et professionnelles.
Il est notamment recommandé de laver vos mains et celles de votre enfant de façon régulière à l’eau et au savon, de laver ou éplucher les fruits et les légumes avant de les consommer, de diversifier votre alimentation, notamment celle des enfants en proposant des aliments riches en fer et en calcium (afin d’éviter que le plomb ne se fixe dans l'organisme). Mais aussi d’aérer votre logement régulièrement, d’éviter l’utilisation de cosmétiques traditionnels (khôl, surma, kajal, tiro) contenant du plomb ou encore d’éviter de fumer en intérieur, surtout en présence d’enfant.
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